Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de L IMAM ALI

2021.09.06 - 11:11
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 Notes biographiques Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de LIMAM ALI


Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de LIMAM ALI
Edité et traduit par Abbas Ahmad Al-Bostani
Publication de la Cité du Savoir

Editeur: Abbas Ahamad al-Bostani (La Cité du Savoir) C.P. 712 Succ. (B) Montréal, Qc., H3B 3K3
Canada
Site Web : www.bostani.com E-mail : abbas@bostani.com
Première Edition: 2000 Copyrights: Abbas Ahmad al-Bostani ISBN: 2-9804196-8-0
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Notes biographiques
(I)
Le vendredi 13 Rajab (de lan 30 de l?léphant), 12 ans avant le début de la Mission du Prophète Mohammad (P), Abû Tâlib, constatant lintensification des douleurs de laccouchement de son épouse, Fâtimah Bint Asad, lamena à la Sainte Kabah, il la déposa à lintérieur, ly fit sasseoir et partit. Fâtimah Bint Asad leva alors ses mains vers le ciel et implora: "Mon Dieu! Je crois en Toi et en tous Tes Livres et Messagers. Je crois aussi aux paroles de mon aïeul, Ibrâhîm al-Khalîl et en le fait quil a construit la Maison Ancienne (al-Bayt al-Atîq). Je Tadjure donc, par celui qui a construit cette Maison et par lenfant que je porte dans mon ventre, de faciliter mon accouchement".(1)

Une heure plus tard, elle mit au monde un garçon. Cétait le premier enfant et le dernier à naître dans la Maison dAllah(2). Et cest là un signe évident de la place particulière et du privilège unique que le Ciel accorda à cet être prédestiné qui jouera un rôle prépondérant, sous la direction et aux côtés du Saint Prophète, dans le cheminement du Message de lIslam.

Abû Tâlib et les siens apprirent la bonne nouvelle et accoururent à la Kabah. Mohammad al-Mustafâ (P), qui se trouvait parmi eux, savança, porta le nouveau-né et lamena à la maison de son oncle, Abû Tâlib, où il avait grandi et quil navait quittée quaprès son mariage avec Khadîjah.

Les jours sécoulèrent et Alî grandissait, entouré des soins, de laffection et de la tendresse de ses parents et de son cousin Mohammad (P) qui passait souvent dans la maison de son oncle, où il avait passé son enfance et sa jeunesse et où il se sentait maintenant très attaché à cet enfant béni qui la remplissait de joie.

Six ans après la naissance bénie de lImâm Alî, les Quraych connurent une crise économique aiguë dont limpact sur Abû Tâlib était particulièrement dur, en raison de sa famille nombreuse et de sa position sociale à la Mecque, qui faisait de sa maison un refuge pour tous les nécessiteux.

Le Noble Mohammad (P) répugnait à voir son oncle, son éducateur et protecteur et le doyen de la tribu tomber en proie à cette situation insupportable. Il se rendit chez son autre oncle, al-Abbâs Ibn Abdul-Muttalib, alors le plus riche des Banû Hâchim, et lui dit: "Oncle! Comme tu le sais, ton frère, Abû Tâlib a une famille nombreuse et tu connais la crise économique qui sévit! Que dirais-tu si nous allions chez lui pour alléger sa charge en nous occupant chacun dun de ses fils?".(3)

Al-Abbâs souscrivit à la proposition de son neveu, et ils se rendirent chez Abû Tâlib, lui firent part de leurs soucis et lui suggérèrent de le décharger de deux de ses fils, Alî (p) et Jafar. Abû Tâlib acquiesça. Al-Abbâs amena Jafar et le Noble Mohammad (P) se chargea de Alî (p), âgé alors de six ans.

Dès lors, Alî (p) grandira dans la maison du Message et dans le giron du Messager dAllah qui le traitera comme un fils ou comme un petit frère, le façonnera à son image et lui inculquera la morale prophétique.

Ecoutons ce que lImâm Alî (p) dira lui-même de léducation et des soins quil avait reçus:

"Vous connaissez ma proche parenté avec le Messager dAllah (P) et ma position particulière auprès de lui. Il ma mis dans son giron alors que jétais tout petit. Il métreignait sur sa poitrine, il mentourait dans son lit, il me faisait toucher son corps et sentir son parfum. Il mâchait les aliments pour les remettre par la suite dans ma bouche. Il ne ma jamais entendu mentir ni ne ma jamais vu commettre une faute dans une action".

Et lImâm Alî (p) de poursuivre:

"Allah le faisait escorter, depuis quil avait été sevré, du plus grand de Ses Anges, pour lui faire emprunter la Voie des noblesses et de la haute morale, jour et nuit. Et moi, je le suivais comme un chamelon suit sa mère. Il mapprenait alors chaque jour un aspect de ses nobles moeurs et mordonnait de suivre son modèle".

Et dajouter:

"Chaque année, il se retirait dans la grotte de Harâ où jétais la seule personne à le voir. A cette époque, une maison ne réunissait dans lIslam que le Messager dAllah (P), Khadîjah et moi, leur troisième. Jy voyais la lumière de la Révélation et du Message et jexhalais le vent de la Prophétie...". (4)

* * *

(II)
Le Commandeur des Croyants, Alî fils dAbû Tâlib, fils de Abdul Muttalib, fils de Hâchim, fils de Abdu Manâf est le 1er des douze Successeurs légitimes du Prophète et le 1er des douze Imâms des Musulmans. Il est le frère adoptif, le cousin et le beau-fils du Messager dAllah, dont il épousa la fille chérie, Fâtimah al-Zahrâ, la Maîtresse des femmes des mondes. Il était également son bras droit, son assistant et son homme de confiance.

De ces faits et de bien dautres la position quil occupa auprès du Noble Prophète était inégalable et aucun des Compagnons du Messager dAllah ne pouvait lui disputer cette position.

LImâm Alî est né le 13 Rajab de lan 30 de lEléphant à la Mecque, dans la Kabah, la Maison Interdite (Al-Bayt al-Harâm), lieu dans lequel nest né, aucun autre être, ni avant lui ni après lui, ce qui en fait un être prédestiné et constitue une faveur et une bénédiction quAllah lui a accordée exclusivement en témoignage de la place particulière quil occupe auprès du Créateur.

Sa mère, Fâtimah fille (Bint) dAsad, fils de Hâchim, fils de Abdu Manâf, était comme une mère pour le noble Prophète qui grandit dans son giron et qui lui montrait toujours sa reconnaissance pour sa bonté envers lui. Elle figura parmi les tout premiers à croire en son Message et elle le suivit avec les autres premiers Musulmans dans son ?migration à Médine. Lorsquelle mourut, le Noble Prophète (P) lenveloppa avec sa chemise afin de protéger son corps des insectes de la terre, descendit dans sa tombe avant de ly déposer comme pour la soustraire aux resserrements tombaux, et lui dicta lattestation de la Wilâyah (Autorité) de son fils, le Commandeur des Croyants, afin quelle puisse répondre à bon escient, lors de linterrogatoire eschatologique qui aurait lieu après lenterrement. Ces soins particuliers dont lentoura le Prophète (P) témoignent de la haute position de la mère de lImâm Alî auprès dAllah.

LImâm Alî faisait partie de la deuxième génération des descendants de Hâchim, larrière-grand-père du Saint Prophète et le chef de file de sa noble ascendance et de son clan, les Hâchimites. Cette noblesse de naissance fut renforcée par la noblesse de léducation que le Messager dAllah assura à lImâm Alî qui grandira dans son giron.

En outre, lImâm Alî était le premier, parmi la famille du Prophète (P) et ses futurs Compagnons. Il était également le premier mâle que le Prophète avait appelé à lIslam (la première femme à avoir droit à cet honneur, étant la noble Khadîjah), appel auquel il répondit sur-le-champ. Et dès lors il ne cessera jamais de se consacrer, corps et âme à lIslam, en combattant les polythéistes, en défendant la Foi, en se battant contre les déviés et les tyrans, en diffusant la lumière de la Sunnah et du Coran, en émettant des jugements qui traduisent la Justice islamique, en ordonnant le bien et en condamnant le mal.

Il restera ainsi en compagnie du Messager dAllah, depuis la Mission prophétique, pendant 23 ans dont 13, avant lEmigration, passés à la Mecque où il partagera toutes les épreuves pénibles du Prophète (P) et supportera la plus grande partie de ses charges, et 13 après lEmigration à Médine où il le défendra avec acharnement contre les polythéistes, le protégera avec son épée, toujours dégainée, des incroyants et le mettra à labri de ses ennemis en nhésitant pas à un instant à sexposer lui-même à tous les dangers pour mener à bien la mission dont il était chargé, et ce jusquau décès du Messager dAllah (P). LImâm Alî (p) était âgé alors de 33 ans.

Cependant le jour même du décès du Noble Prophète, des aînés et des notables de Quraych se réunirent durgence et avant même que les funérailles du Messager dAllah ne fussent terminées pour nommer lun dentre eux à sa succession.

Mais les partisans de lImâm Alî, parmi les Compagnons notoires appartenant à la fois aux Mohâjirine (Emigrants mecquois) et aux Ançâr (les Partisans médinois), tels que Salmân al-Fârecî, Ammâr Ibn Yâcir, Abû Tharr, al-Moqdâd, Khuzaymah Ibn Thâbit, Abû Ayyûb al-Ançârî, Abû Saîd al-Khidrî etc, ainsi que lensemble du Clan du Prophète, les Hâchimites (Banî Hâchim) firent valoir que la succession du Noble Prophète revenait à lImâm Alî qui avait la préséance sur tout le monde parce quil réunissait en lui des qualités quaucun autre prétendant ne pouvait lui disputer: lancienneté dans lIslam, le bon jugement, la perfection dans ladoration, la connaissance des méandres de la jurisprudence, le Jihâd contre les polythéistes, la piété, lascétisme. Ensuite il était le plus proche parent du Prophète parmi tous les prétendants à la succession, qui mettaient en évidence leur appartenance à la tribu du Messager dAllah.

Et puis et surtout, parce quAllah a établi tacitement, mais dune façon incontestable, lautorité de lImâm Alî sur les Musulmans dans le Noble Coran, lorsquIL dit: "Vous navez pas dautorité (waliy) en dehors dAllah et de Son Prophète, et de ceux qui croient, qui accomplissent la prière, qui sacquittent de la Zakât tout en sinclinant". (Sourate al-Mâidah, 5: 55)

En effet, il est établi que personne dautre que lImâm Alî navait acquitté la Zakât pendant quil sinclinait et que linguistiquement le mot waliy désigne indiscutable-ment "celui qui a la primauté ou lautorité sur quelquun".

Et puisque lImâm Alî a lautorité sur les Croyants, selon le Coran, ceux-ci ont lobligation de lui obéir, tout comme ils doivent obéir à Allah et Son Prophète du fait de leur autorité sur eux, autorité établie dans le même verset coranique.

Et enfin, parce que le Noble Prophète lui-même avait désigné lImâm Alî nommément, dans diverses occasions, comme son successeur et héritier. Citons à titre dillustration quelques-unes de ces occasions:

1- Le Saint Prophète convia, sur Ordre dAllah, ses proches parents, les Banî Abdul-Muttalib, pour leur faire part de la Mission Prophétique dont il avait été chargé, et ce conformément au verset coranique suivant qui lui fut révélé à cet effet: "Avertis tes proches parents ... "(5).

Lors de cette réunion, le Prophète (P) annonça à lassistance: "Je vous apporte le bienfait de ce monde et de lAutre-monde (le Message de lIslam). Allah ma ordonné de vous y appeler. Qui dentre vous accepte de mappuyer dans cette affaire, et de devenir par conséquent mon frère, mon héritier présomptif et mon successeur?".

Tout le monde a décliné cette invitation, à lexception de lImâm Alî - le plus jeune de tous les gens présents - qui sécria: "Moi, ô Messager dAllah, je ty appuierai!".

Le Prophète tint lImâm Alî alors par le cou et proclama:

"Voilà mon frère, mon héritier présomptif et mon successeur auprès de vous. ?coutez-le donc et obéissez-lui".

Sur ce, les invités se levèrent en disant à Abû Tâlib: "Tu mérites des félicitations aujourdhui, si tu entres dans la religion de ton neveu qui a fait de ton fils ton émir!".(6)

Cet événement est riche en significations et révélations. Car tout dabord il indique que lImâm Alî avait été désigné comme héritier du Saint Prophète avant même que le Message fût rendu public, puisquil était question à ce moment précis de le faire connaître uniquement aux proches parents. Il signifie ensuite quAllah avait accordé une place particulière aux proches parents du Prophète (P) dans la diffusion et la direction du Message.

Or lImâm Alî (p) était incontestablement (et le sera encore par la suite, lorsque le Messager dAllah le choisira, sur Ordre dAllah, à lexclusion de tous autres notables Compagnons, comme époux pour sa fille, Fâtimah al-Zahrâ (la Maîtresse des Femmes du Paradis) le plus proche parent, de tous les proches parents, du Prophète (P). Cet événement équivaut dautre part à une prédésignation de lImâm Alî, ou bien à sa désignation divine, car lorsquAllah avait ordonné à Son Prophète de convier ses proches parents à cette réunion, IL savait (cela va de soi) que seul Alî Ibn Abî Tâlib (p) accepterait lappel et la charge.

Il montre, enfin le courage hors du commun du jeune Imâm Alî qui accepta de sengager corps et âme aux côtés du Saint Prophète dans une entreprise qui consistait à défier, à court et à moyen terme, non seulement toute la société mecquoise, mais toute lArabie polythéiste.

2- Lorsque le Prophète voulut se diriger vers Tubûk, il dit à lImâm Alî: "Tu es à moi ce que Hârûn était à Mûssâ (Moïse), à cette différence près quil ny a pas de Prophète après moi".

Or cette déclaration confère à lImâm Alî les mêmes prérogatives, les mêmes privilèges et la même position quAllah avait accordés à Hârûn, à lexception de lassociation à la Mission prophétique, puisque, le Message de lIslam étant le dernier Message révélé, il ne peut pas y avoir un autre prophète après le Prophète Mohammad (P). En dautres termes Alî devint lassistant et le représentant et le remplaçant du Prophète de son vivant et après sa mort, et acquit du même coup la préséance sur toute lhumanité, et ce dune façon dautant plus irréfutable que le Noble Coran en atteste.

En effet, le Coran nous dit que le Prophète Mûssâ avait demandé à Allah: "Donne-moi un assistant, de ma famille: mon frère Aaron; accrois ainsi ma force; associe-le à ma tâche afin que nous Te glorifions et que, sans cesse, nous Tinvoquions ..." et que Dieu accéda à sa requête: "Dieu dit: O Moïse! Ta Prière est exaucée". (7)

3- Lors de son voyage de retour du dernier pèlerinage, dit le Pèlerinage dAdieu, le Prophète (P) fit halte à Ghadîr Khum. Il convoqua les pèlerins qui laccompagnaient et dont le nombre sélevaient à plus de 100 000, à se rassembler pour lécouter. On érigea une chaire. Le Noble Prophète y monta. Et, tenant la main de lImâm Alî, il sécria:

"Nai-je pas plus dautorité sur les croyants quils nen aient eux-mêmes sur eux-mêmes?". "Si!", répondit la foule. "Nai-je pas plus dautorité sur tout croyant quil nen ait lui-même?" demanda encore le Prophète (P). "Si!", répondirent les pèlerins en choeur.

Le Prophète leva alors la main de lImâm Alî (p) et proclama:

"Celui-ci est lautorité (le Maître) de quiconque je suis le Maître! O Allah sois lAmi de quiconque est son ami, et lEnnemi de quiconque est son ennemi".(8)

Ou selon la version dAhmad Ibn Hanbal le Messager dAllah dit alors:

"De quiconque je suis le Maître, Alî aussi est son Maître". (9)

* * *

(III)
LImâmat du Commandeur des Croyants, après la disparition du Messager dAllah (P) dura 30 ans. Pendant les premiers vingt-quatre ans et demi de son Imâmat, étant écarté du pouvoir et du Califat, il ne put faire appliquer les stipulations de la Charia telles quil les avait apprises sous la direction du Prophète, et pendant les cinq ans et demi restants, où il prit les rênes du Pouvoir, il était contraint de combattre sans discontinuer les hypocrites, les renégats, les apostats, les traîtres et les déviationnistes. Il se trouvait donc dans une situation assez semblable à celle du Messager dAllah, qui, pendant les premières treize années de sa Mission, étant persécuté, encerclé, et pourchassé sans relâche par les polythéistes, navait pas pu faire prévaloir les dispositions de la Loi islamique, et pendant les dix années restantes, où il avait émigré à Médine, il devait lutter avec acharnement contre les mécréants et faire face aux complots des hypocrites.

Préface de léditeur
Personne, après le décès du Prophète, na pu incarner les concepts de lIslam aussi bien que les a incarnés lImâm Alî Ibn Abi Talib. Il est sans contexte le modèle parfait que lécole islamique a présenté à lhumanité.

En effet, autant lIslam est riche par les idées humaines quil contient et qui constituent la synthèse du patrimoine divin quont apporté les religions et leurs législations, ainsi que par la diversité de ce large patrimoine quil renferme, autant cette richesse est incarnée par la personnalité de lImâm Alî. Cest en matérialisant dans sa pratique lensemble de ces idées, que lImâm Alî en devient le modèle vivant.

Si sa personnalité incarne si bien les principes islamiques, ce nest pas par hasard. ?duqué par le Prophète (P), il a assisté alors quil était enfant à la "descente" de la révélation sur Muhammad (P). Dès les premiers jours de la naissance de lAppel islamique, il sy est converti. Il a pleinement vécu les principaux événements de lhistoire de la naissance de cet Appel et a participé à sa formation aussi bien du vivant du Prophète (P) quaprès son décès. La période pendant laquelle lImâm Alî a vécu, constitue la pierre fondamentale de lhistoire islamique, car le prolongement de celle-ci est fondé sur elle.

Linfluence de lImâm Alî ne sest pas arrêtée après sa mort. On peut même dire quil a marqué lhistoire de lIslam surtout sur le plan doctrinal plus que tout autre Compagnon. Il suffit de bien retracer les événements de lhistoire islamique pour sen convaincre. Aussi ce livre nous en offre une occasion.

La personnalité de lImâm renferme certaines qualités caractéristiques spécifiques quon ne saurait retrouver chez aucun autre Compagnon. Certains oulémas musulmans sy sont penchés et spécialisés. En outre la conduite sociale de lImâm Alî nous révèle certains traits distinctifs de sa personnalité aussi bien lorsquil était à la tête du pouvoir que quand il en était exclu. Cest dire quil nest pas facile de cerner les différents aspects de cette personnalité si riche et si variée en caractères et traits distinctifs et si profonde dans lensemble. Aussi lauteur de la présente étude sest-il contenté de traiter des aspects de cette personnalité, dont les moyens de recherche sont disponibles.

Ce livre présente au lecteur certaines attitudes politiques et sociales de lImâm, à travers les différentes phases quil a traversées. Lauteur a jeté la lumière notamment sur quelques positions politiques importantes de sa vie, afin de permettre aux chercheurs de les retracer en remontant à leurs sources historiques, sils voulaient approfondir cet aspect de la personnalité de lImâm Alî.

Dans le contexte de cette étude, lauteur attire notre attention sur lessentiel des attitudes de lImâm Alî face à trois événements politiques qui avaient joué un rôle important dans lhistoire politique de lIslam

1- La manière dont sest déroulée la prestation du serment dallégeance au premier calife (la logique de la Saqîfah).

2- La politique fiscale du deuxième calife (son principe de répartition des butins).

3- Le procédé de la désignation (élection) dun successeur au second calife (le choura).

La lecture de ce livre nous permet de constater que la vie politique de lImâm se résume en trois phases principales dans lesquelles il avait pris des positions politiques très claires et très révélatrices:

1- Lorsque lImâm Alî nétait pas au pouvoir.

Là il faut retenir son attitude vis-à-vis des événements qui se sont déroulés vers la fin du califat du 3e calife, Othmân. En effet, à la différence de certains Compagnons qui ont participé eux-mêmes à ces événements, lImâm Alî a gardé une attitude claire et lucide, guidée par lintérêt suprême de lIslam.

2- Lorsque la société islamique se trouvait sans autorité.

Il sagit de la période qui a suivi lassassinat de Othmân. Malgré sa brièveté, cette phase témoigne de nombreuses attitudes politiques décisives de lImâm Alî, alors que la Umma vivait des moments délicats. Il faut retenir dans cette phase, surtout le dialogue engagé entre lImâm Alî et ceux qui se sont révoltés contre Othmân, les entretiens de lImâm avec les délégations venues le désigner au Califat et lui prêter serment dallégeance, les problèmes davenir quil a soulevés devant ces délégations.

3- Lorsquil était à la tête du pouvoir.

Dans cette phase lImâm Alî avait lui-même le pouvoir des décisions politiques. Cest surtout pendant cette période que lécole de lImâm et ses principes politiques se sont matérialisés. Si dans les phases précédentes, ces principes qui avaient déjà vu le jour ont fait lobjet dopposition et de résistance, dans cette phase-ci lImâm Alî sera plus ferme et plus décidé à les mettre en application en dépit de la résistance de plus en plus intensive et prononcée quils allaient rencontrer.

Cette lutte engagée, à laube de lIslam, entre la position de lImâm Alî qui se souciait avant tout de respecter et de faire appliquer lesprit et la lettre de lIslam, et celle de ses adversaires dont les préoccupations étaient bien différentes, lauteur sapplique à nous la montrer en se fondant sur les faits historiques.

Si le mérite de ce livre est de nous expliquer des événements historiques unanimement reconnus, mais souvent mal compris, sa moralité est de nous suggérer que lapplication des principes islamiques doit passer avant tout, et ce, quelquen soient les conséquences immédiates. Car, en fin de compte, lautorité politique en Islam ne se distingue-t-elle pas de toute autre autorité politique par son rejet du machiavélisme et de la politique politicienne?

PRéLIMINAIRES
Avant daborder les attitudes de lImâm Alî face aux événements qui ont marqué son califat, nous devrions nous faire une idée, même brève, des circonstances sociales et politiques qui ont précédé son accession au pouvoir et pendant lesquelles la Umma islamique commençait à subir une déviation nette des enseignements et des principes de lIslam.

Cette déviation se faisait sentir dune façon plus tangible, à partir du début de la deuxième moitié du califat de Othmân Ibn Affân. Elle ne tarde pas à devenir par la suite, la cause principale de la situation équivoque, sociale et politique, qui prévalait à lépoque de lImâm Alî. Celui-ci y a fait face dès le premier moment où il a accédé au califat et sest efforcé de réconforter la Umma contre le choc de la déviation et de la ramener à la noble vie islamique.

Nous soulignons ci-dessous les principaux événements et circonstances qui ont contribué aux évolutions importantes, intervenues à lépoque de Othmân et dont les retombées négatives vont sétendre jusquau Califat de lImâm Alî.

I - LA LOGIQUE DE LA Saqîfah(10)
Alors que lImâm Alî ainsi que dautres Compagnons étaient encore occupés de la dépouille mortelle du Prophète, et avant même de finir lenterrement(11), Omar amena précipitamment Abû Bakr à la réunion de la Saqîfah pour débattre du problème de la succession. Ce qui prévalait dans cette réunion, cétait:

- Lesprit tribal qui animait et déterminait la logique des participants rivaux;

- La tendance de chacun de ceux-ci, à accaparer pour soi le pouvoir et à refuser de le partager avec les autres;

- La confirmation des considérations tribales;

- Lacceptation par beaucoup de Partisans(12), de lidée de deux princes choisis lun parmi eux, lautre parmi les Emigrés(13), ce qui a conduit chacune des deux ailes à se croire plus qualifiée que lautre pour le Califat (14).

Lorsque lImâm Alî fut informé de la tenue de cette réunion et de son résultat, il refusa(15), ainsi que ses partisans, la Désignation(16); refus qui a duré six mois. LImâm Alî a même considéré la réunion de la Saqîfah comme un complot ourdi en son absence.

Cest cet esprit tribal qui a ouvert la porte aux troubles, comme la déclaré Omar lui-même: "La désignation dAbû Bakr était une erreur dont les conséquences ont été évitées grâce à Dieu. Tuez donc celui qui la recommencerait".(17)

II - LE PRINCIPE DE OMAR DE DISTRIBUTION DES PAYES
Sous le Prophète(P) et Abû Bakr, les payes étaient distribuées dune façon égalitaire entre les Musulmans. Omar va y appliquer le principe du favoritisme: "Il a ainsi favorisé les plus anciens (des Compagnons) au détriment des autres, les Emigrés de Quraych au détriment des autres Emigrés, les Emigrés au détriment des Partisans, les Arabes au détriment des non-Arabes, les Arabes de souche au détriment des Arabes adoptifs".(18)

Ce favoritisme a provoqué les premières manifestations de la ségrégation de classe dans la société islamique; laquelle ségrégation ne tarda pas à devenir la mèche qui déclencha le feu de la lutte tribale et raciale entre les Musulmans. Et ce fut dautant plus grave que Omar lui-même sest rendu compte, vers la fin de sa vie, du danger de son principe et a annoncé son souhait de revenir au principe égalitaire de la distribution des payes: "Si je vivais encore cette année, je traiterais les gens dune façon égalitaire. Je ne favoriserais pas le Rouge au détriment du Noir, ni lArabe au détriment du non-Arabe. Je ferais comme le Messager et Abû Bakr".(19)

III - LE CHOURA(20)
Cest-à-dire la façon dont Omar a choisi six personnages de Quraych et les a présentés à la Umma islamique comme candidat à sa succession au Califat(21).

Ce choix a suscité chez beaucoup de dignitaires de Quraych ainsi quau sein de leurs clans et chez leurs partisans, des ambitions politiques - auxquelles ils nauraient jamais songé en principe - ayant constaté que les candidats désignés par Omar navaient aucune qualité qui fût supérieure aux leurs, et que ces candidats leur étaient même inférieurs en beaucoup de choses.

Ces ambitions se sont renforcées lorsque "lImâm Alî, candidat de la majorité des Musulmans fut écarté du Califat au profit de Othmân Ibn Affan, candidat de laristocratie de Quraych, à la suite du désistement de Abdul Rahmân Ibn Awf qui voulait par son retrait être en position de neutralité et désigner lui-même lun des deux candidats en lice. Ainsi, il demanda à Alî de prêter le serment, de suivre le Livre de Dieu, la Sunna du Messager et laction de Omar et dAbû Bakr.

Alî a répondu: "non, ... mais jessaierai de le faire selon ma force et ma capacité".

Lorsquil a demandé à Othmân la même chose, ce dernier a répondu favorablement sur-le-champ et il fut désigné comme calife".(22)

LImâm Alî a exprimé son mécontentement de ce résultat de la façon suivante: "Je my résigne tant que les intérêts des Musulmans sont préservés et que linjustice ne touche que moi".(23)

Le Choura aura pour conséquence la formation de partis et de blocs fondés sur les allégeances individuelles de ceux qui avaient des ambitions personnelles pour accéder au pouvoir et qui ont exploité, pour ce faire, les motifs des plaintes et des mécontentements exprimés contre Othmân, sa clique et ses gouverneurs, ainsi que dautres aspects financiers, administratifs et sociaux. Cet état des choses ne tarda pas à déclencher la révolution et à conduire à lassassinat de Othmân.

LATTITUDE DE LIMAM ALI FACE A LA RéSURRECTION CONTRE OTHMAN
Lorsque lon retrace les événements de la révolution et son acheminement jusquà lassassinat du Calife Othmân, on se rend compte que le peuple en révolte nétait ni insensé ni myope. Il a essayé à plusieurs reprises, à travers ses représentants, de prendre contact avec le pouvoir pour attirer lattention de Othmân sur la mauvaise conduite du régime. Des délégations venaient, des différents coins de la nation, à Médine, pour remettre à Othmân leurs revendications et lui exprimer leurs désirs. Mais leurs efforts étaient toujours vains, car souvent repoussés ou mal reçus. Mais cest larrivée de la délégation égyptienne qui fera exploser la situation.

En effet, dès que cette délégation eut quitté Médine, les autorités supérieures ont envoyé au gouverneur dEgypte des instructions pour en arrêter les membres. Ceux-ci ont appris la nouvelle et sont revenus à Médine, renouvelant leurs revendications avec violence et plus de fermeté, dans une atmosphère de protestation et de colère. Leurs revendications comprenaient ce qui suit:

1- Appliquer le principe de la distribution égalitaire des payes, tel quil a été appliqué par le Prophète (P) et mettre fin à la politique de favoritisme, inaugurée par Omar et encore en vigueur sous Othmân.

2- ?purer lappareil gouvernemental, notamment, de Marwân Ibn al-Hakam et sa clique influente qui exploitait et conduisait le pouvoir.

3- Sopposer fermement aux convoitises de Quraych et à sa mainmise sur les richesses et les postes-clés, et y mettre fin.

4- Empêcher les émirs dhumilier les fidèles et de bafouer leur dignité, comme ils lont fait avec Abû Tharr, lorsquil les a défiés et leur a reproché leur conduite déviée.

5- Limiter les pouvoirs des gouverneurs et des émirs en ce qui concerne les dépenses incontrôlées des biens publics et de Kharaj(24).

Ces revendications sont parvenues à Othmân. Mais celui-ci les a complètement ignorées, laissant la situation saggraver. LImâm Alî en a craint les conséquences. Il a pris linitiative de rencontrer durgence Othmân et lui a dit:

"Les gens sont derrière moi. Ils mont parlé de toi. Je ne sais pas quoi te dire. Je ne tapprends rien que tu ignores, ni ne tindique rien que tu ne connais. Par Dieu, tu ne peux ni rendre la vue à quelquun qui est atteint de cécité, ni apprendre quoi que ce soit à un ignorant. La voie est claire et évidente",

et dajouter:

"Muawiya fait sans toi ce quil veut - et tu le sais. Il dit aux gens quil agit sur lordre de Othmân. Lorsquon te lapprend, tu ne lui reproches rien".

Othmân écoutait parfois les conseils de lImâm et décidait de faire un peu de réforme. Mais il ne tardait pas à changer davis invoquant différents prétextes et narrêtait pas un choix définitif.

Voyant lhésitation de Othmân, lImâm lui dit:

"Othmân ne veut pas quon lui donne des conseils! Il sentoure dune clique de tricheurs dont aucun na manqué de soccuper dun groupe de gens pour piller leur Kharaj et les humilier".(25)

Omar Ibn al-As ameutait publiquement les gens contre la politique de Othmân, à tel point quil sest décrit lui-même ainsi: "Je suis Abu Abdullâh. Là où je trouve une plaie, je la rouvre. Même si je rencontre un berger, je le monte contre Othmân".

Ayshah, elle aussi, osait sen prendre à Othmân. Dans un discours, elle a brandi la chemise du Prophète (P) et sécria à son adresse: "Avant même que la chemise du Prophète(P) soit usée, tu as fait tomber sa Sunna(26) dans la désuétude".

Quant à Talha et Zubair, ils sont allés jusquà aider les révoltés financièrement pour destituer Othmân. Entre temps, les masses venues de toutes parts sont devenues plus révoltées que jamais, très galvanisées, agressives et coléreuses.

Lattitude de lImâm Alî face à ces révoltés était celle dun extincteur dincendie. Il déployait tous ses efforts pour calmer leur colère.

Othmân sest vu contraint de demander aux masses en révolte un délai de trois jours pour se réunir avec elles. Ce délai passé, les masses se sont rassemblées devant sa porte. Mais il nest pas sorti lui-même à leur rencontre. Il a chargé Marwân de sen occuper.

Celui-ci sest adressé à elles par des mots insensés et un discours arrogant: "Quest-ce quil vous arrive de vous rassembler ainsi comme si vous étiez venus pour piller? Que les visages pâlissent! Pourquoi chacun sest-il mis à chuchoter dans loreille de son voisin! Etes-vous venus pour confisquer notre propriété? Allez-vous-en. Par Dieu, si vous voulez nous défier, il vous arrivera ce qui ne vous plairait pas. Retournez chez vous. Par Dieu, avec ce que nous avons, nous ne serons jamais vaincus".

Cette oraison minée était comme la mèche qui allumera le feu de la révolution. Othmân envoya sur-le-champ un messager pour faire venir lImâm Alî. Celui-ci refusa et dit: "Je lui avais dit que je ny retournerai plus".(27)

Car il estima que Marwân était allé trop loin dans sa logique qui étonna les masses rassemblées, en parlant au nom du Calife et en formulant des propos pleins de sottises et de bêtises insupportables. Il estima que sa médiation navait pas de sens puisquelle était inutile. Il était convaincu que Othmân serait obligé, sous la pression des masses, daccepter leurs revendications de réforme et décarter Marwan et sa clique.

Mais rien de cela ne sera réalisé. Au contraire, tous les faits se sont transformés en indications claires de limminence de la révolution. Car la tragédie avait atteint son paroxysme. Et effectivement, la révolution eut lieu, conduisant à lassassinat de Othmân.

LA POSITION DE LIMAM SUR SA DESIGNATION DU CALIFE
Après lassassinat de Othmân, les regards des révoltés se sont tournés vers lImâm Alî, lui demandant dassurer le Califat. Mais lImâm Alî refusa, car il sentait quil navait pas la force de se charger du pouvoir et den subir les conséquences, notamment après avoir constaté le virage de la société islamique vers des écarts profonds dans les niveaux sociaux et économiques de ses membres, virage dû à la politique des gouverneurs de Othmân, et aussi après avoir remarqué que les orientations et les concepts islamiques grandioses pour lesquels le Prophète (P) avait oeuvré durant toute sa vie, avaient perdu beaucoup de leur efficacité en ce qui concerne lorientation des Musulmans, et avaient commencé à se dissiper après la disparition du Messager.

Pour pallier à cette corruption, il fallait donc que les gens puissent sentir quil y avait un régime sain qui les gouverne, afin quils puissent retrouver leur confiance perdue en leurs gouvernants. Mais cela nétait ni facile, ni pour le lendemain. Car certaines classes naissantes ne lapprécieraient guère, et seraient prêtes à sopposer à tout programme de réforme et toute tentative dépuration.

LImâm sétait rendu compte que la corruption vécue, pour être réformée, exigeait une action révolutionnaire qui touche les piliers de la société islamique sur le plan économique, social et politique.

De là le refus de lImâm de répondre favorablement, sur-le-champ, à la pression des masses et des Compagnons qui lui demandaient daccepter le Califat. Il voulait, par ce refus, les mettre à lépreuve pour savoir à quel point ils étaient disposés à supporter les mesures révolutionnaires quil leur imposerait et pour quils ne disent pas, par la suite, lorsquils auraient découvert les difficultés des conditions dans lesquelles ils devraient lutter contre la corruption dont ils se plaignaient - que lImâm les avait pris à limproviste et avait exploité leur zèle.(28)

Cest pourquoi lImâm Alî leur a répondu tout dabord: "Laissez-moi et cherchez-en un autre. Car nous avons affaire à un problème à multiples facettes. Sachez que si jacceptais votre requête, jappliquerais ce que je sais et nécouterais ni les dires des radoteurs ni le blâme des censeurs. Mais si vous renonciez à votre requête, je serais lun de vous, et peut-être obéirais-je à celui que vous auriez élu et lécouterais mieux que quiconque dentre vous. Je vous servirais comme vizir mieux que comme émir".(29)

Mais les gens ayant insisté pour quil se charge du califat, il finit par céder.

 
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LIMAM ALI AU POUVOIR
Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de LIMAM ALI LIMAM ALI AU POUVOIR
LImâm a accédé au pouvoir dans une société qui avait hérité la corruption. Beaucoup de problèmes complexes lattendaient sur tous les plans. Il a ainsi annoncé la nouvelle politique révolutionnaire quil a décidé de suivre en vue de réaliser les objectifs pour lesquels il avait accepté le Califat.

Sa politique révolutionnaire concernait trois domaines:

1. Le domaine juridique;

2. Le domaine financier;

3. Le domaine administratif.

Malheureusement, beaucoup de soupçons ont été soulevés et bien des opinions hâtives ont été émises à propos de la politique et des nombreuses réformes de lImâm Alî. Ces jugements erronés étaient dautant plus répandus, quils sont rapportés couramment dans les livres dhistoire, et devenus pour les lecteurs des évidences indiscutables ne nécessitant aucune démonstration. Cela vaut surtout pour sa politique administrative autour de laquelle on a formulé beaucoup dopinions inexactes.

Cest ce dont nous essaierons de traiter en détail et dune façon analytique profonde, après avoir abordé hâtivement et en passage les domaines juridique et financier.

1- LE DOMAINE JURIDIQUE
Dans ce domaine, les réformes de lImâm ont porté sur labolition du principe du favoritisme dans la distribution des payes et son remplacement par le principe de légalité entre tous les musulmans, tant dans les devoirs que dans les droits.

LImâm Alî disait: "Je chéris le faible jusquà ce que je lui obtienne justice, et poursuit le fort jusquà ce que je lui arrache ce quil doit".(30)

2 - LE DOMAINE FISCAL
Dans ce domaine lImâm Alî a centré son attention sur deux questions importantes:

a) Les fortunes illégalement amassées sous Othmân;

b) Le mode de distribution préférentiel des payes.

LImâm a, en effet, confisqué toutes les propriétés foncières que Othmân avait concédées, ainsi que tous les biens considérables quil avait offerts à laristocratie. Il a annoncé sa politique de distribution des biens, en ces termes:

"O gens! Je suis lun de vous. Jai les mêmes droits et les mêmes devoirs que vous. Je vous conduis sur la voie de votre Prophète (P), et japplique sur vous ce quil a ordonné. Cest pourquoi toute propriété concédée par Othmân et tout bien donné par lui, doivent être restitués à la Trésorerie. Car rien ne saurait abolir le bon droit (al-haq). Je reprendrais les biens appartenant au Trésor public, même sils ont été dépensés pour un mariage ou pour la possession de servantes, ou même sils étaient dispersés dans différents pays. La justice est large. Celui qui ne supporte pas le bon droit, pourra encore moins supporter linjustice".(31)

Peut-être les dirigeants de la classe des riches ont-il, voulu monnayer leur obéissance à lImâm contre son acceptation de passer léponge sur ce quils avaient obtenu auparavant. Cest pourquoi, ils ont délégué auprès de lui al-Walîd Ibn Oqaba Ibn al-Muït, lequel a dit à lImâm:

"O Abû al-Hassan(32)! Tu nous as tous molestés alors que nous sommes tes frères et tes homologues des Bani Abd Munâf. Nous te prêtons serment dallégeance aujourdhui, à condition doublier les biens que nous avons obtenus sous Othmân, et de tuer ses assassins. Mais si nous sommes acculés à te craindre, nous te laisserons et nous rejoindrons Damas".(33)

LImâm Alî leur a répondu très clairement quil était déterminé à poursuivre lapplication de la réforme quil avait entreprise:

"Quant à ce bien public, personne ny a de privilège. Dieu la déjà alloué. Cest le bien de Dieu, et vous! Vous êtes les serviteurs musulmans de Dieu. Nous avons comme juge, le Livre de Dieu que nous avons admis et auquel nous nous sommes convertis, et la Sunna de notre Prophète (P). Celui qui nest pas content, quil aille faire ce quil veut".(34)

3- LE DOMAINE ADMINISTRATIF
LImâm Alî a inauguré sa politique administrative par deux actions:

1)- La destitution des gouverneurs des provinces nommés par Othmân. Il sen est expliqué ainsi:

"... mon regret est grand de voir cette Umma dirigée par ses impudents et ses débauchés qui accaparent pour eux les biens de Dieu; qui asservissent les serviteurs de Dieu; qui font la guerre aux bons fidèles; qui choisissent le parti des scélérats. Il y a parmi eux quelquun qui a bu devant vous ce qui est prohibé et qui fut fouetté pour cela selon code pénal islamique; et dautres qui ne sétaient convertis à lIslam quaprès avoir été payés".(35)

Othmân sétait rapproché, en effet, de ceux qui avaient été éloignés ou bannis par le Prophète (P). Ainsi, il a fait revenir à Médine, son oncle al-Hakam Ibn Umayya que le Prophète (P) avait chassé et que lon avait surnommé, de ce fait, "le rejeté du Messager de Dieu". Il a aussi donné refuge à Abdullâh Ben Saad Ben Abî Sarh qui avait été condamné à mort par le Prophète (P).

Puis il la nommé Gouverneur dEgypte comme il a nommé Abdullâh Ben Omayr Gouverneur de Basrah. Ce dernier a provoqué dans sa province des troubles qui ont suscité la colère des fidèles contre lui et Othmân.(36)

2)- Leur remplacement par des gouverneurs connus pour leur religiosité, leur pureté et leur fermeté. Ce qui justifiait cette mesure, cest le fait que lImâm Alî avait constaté que lessentiel des plaintes formulées par les Musulmans concernait les émirs et les gouverneurs. Il estima donc que leur remplacement simposait. A leur place, il a nommé Othmân Ben Hanif, Sahl Ibn Hanîf, Qaïs Ben Saad Ben Abâdah et Abî Moussa al-Achari, respectivement Gouverneur de Basrah, Damas, Egypte et Kûfa, les plus grandes provinces de lEtat islamique de lépoque.

LImâm Alî était dautant plus déterminé à mener à son terme cette réforme administrative, quil avait récusé le conseil de beaucoup de personnes - dont al-Mughîrah Ben Chobah - de reconduire le mandat des Gouverneurs nommés sous le Califat de Othmân. Lorsque Talha et al-Zubair lui ont demandé de les nommer respectivement Gouverneurs de Kûfa et de Basrah, lImâm refusa leur requête avec courtoisie.

Ce refus les a poussés à exercer des pressions diverses sur lImâm. Ils nont pas hésité à mettre en doute sa direction, à revenir sur leur serment dallégeance, à laccuser publiquement dêtre derrière lassassinat de Othmân (oubliant quils avaient eux-mêmes poussé les gens à se révolter contre lui) et même à revendiquer le retour au Choura pour que les Musulmans désignent eux-mêmes un Calife. Ils sont allés jusquà prétendre quils avaient prêté serment dallégeance à Alî sous la contrainte et que de ce fait leur serment nétait pas légal.(37)

La décision de lImâm décarter Talha et al-Zubair, respectivement de la contrée de Basora et de celle de Kûfa - décision considérée par beaucoup comme un signe de myopie politique - apparaît très adéquate lorsquon se rend compte que lImâm, en agissant ainsi, a choisi la moins risquée des quatre solutions qui se présentaient à lui: (38)

- La première solution: Cétait de les nommer respectivement gouverneurs de Basrah et de Kûfa, comme le recommandait Abdullah Ibn Abbas(39). LImâm a refusé une telle nomination parce quil savait que dans ces deux villes, Talha et al-Zubair pouvaient trouver les hommes et largent dont ils se serviraient pour attirer les insensés, moyennant profit, plonger les faibles dans le malheur et vaincre les forts par le pouvoir, ce qui leur permettrait de devenir plus forts quils ne lauraient été sils nétaient pas gouverneurs et se retourner, grâce à cette force, contre lImâm.

- La deuxième solution: Cétait de manoeuvrer en vue de provoquer une brouille entre Talha et al-Zubair pour les séparer et les empêcher dentreprendre une action commune contre lImâm. Pour ce faire, celui-ci aurait dû se montrer généreux envers lun et hostile envers lautre. Mais par cette manoeuvre, il risquerait de voir le premier se retourner contre lui quand les circonstances le lui permettraient, le second fuir, là où il trouverait des avantages, cest-à-dire à Damas, pour monnayer son appui à Muawiya - comme lavaient fait beaucoup dautres - ou rester à Médine en gardant contre lImâm une rancune dissimulée.

- La troisième solution: Cétait de leur refuser la permission de quitter Médine pour la Mecque qui leur a servi de point de départ vers Basrah doù ils ont organisé une razzia contre lImâm. Car celui-ci avait en effet deviné leur malveillance lorsquils lui avaient demandé lautorisation daller à la Mecque pour faire le pèlerinage, puisquil leur a dit, tout en leur donnant satisfaction: "Ce nest pas le pèlerinage qui vous meut, mais la trahison".

Mais si lImâm les avait emprisonnés sans avoir une preuve tangible de leur malveillance, il aurait suscité du moins la sympathie des gens envers eux, sinon des soupçons, chez ses propres partisans, sur sa politique à leur égard.

Parmi les griefs injustifiables formulés contre sa politique administrative, cest surtout le fait davoir démis Muawiya de sa fonction de gouverneur de Damas, et davoir accepté lors de sa guerre contre lui, à Saffine, le recours à larbitrage.

Or, on sait que lImâm Alî na accepté le recours à larbitrage que lorsquil a constaté que ses soldats commençaient à bouder la guerre, et à être déchirés par des désaccords qui risquaient de provoquer une confrontation armée entre les partisans et les adversaires de larbitrage. Ils sont allés jusquà menacer de tuer lImâm comme on avait assassiné Othmân. Ils ont insisté pour que lImâm rappelle al-Achtar al-Nakhaï qui poursuivait vaillamment ses ennemis sur-le-champ de bataille dans lespoir dune victoire prochaine.

Quant aux historiens qui ont donné raison à lImâm pour son acceptation de larbitrage, mais tout en lui reprochant davoir accepté de se faire représenter par Abî Moussa al-Achari, alors quil savait que celui-ci était faible et hésitant, ils oublient tout simplement que la personnalité de son représentant lui fut imposée, tout comme était imposé larbitrage et que le résultat aurait été le même - quelque fût son représentant - al-Achari, al-Achtar ou Ibn Abbas. Car dans tous les cas Amr Ibn al-As ne se serait jamais prononcé contre Muawiya ni pour le Califat de Alî.

Et si lon admet, comme certains avaient tendance à le croire, que Ibn Abbas ou al-Achtar eussent pu influencer Ibn al-As ou lamener à prendre parti pour Alî, Muawiya naurait jamais cédé ni désarmé, puisquil était entouré de partisans et darrivistes avides qui auraient mal pris, tout comme lui, une solution aussi défavorable.

Par conséquent, les détracteurs de lImâm ne peuvent faire valoir une solution meilleure que celle à laquelle il fut acculé et quil a choisie à contre-coeur, peu importe quil fût contraint à cette solution tout en en connaissant le défaut, ou tout simplement parce quil savait quil aurait eu le même résultat sil en avait choisi une autre parmi celles qui se présentaient à lui.

Quant à la destitution de Muawiya par lImâm Alî, elle a capté lattention des historiens et occupé une place de choix dans leurs livres. Pour eux, "Muawiya est une nécessité fatale dans lhistoire arabe, puisquil constitue une des étapes de lédification de lEtat et de son enracinement, et que cest un homme dEtat et un homme politique ingénieux qui a suivi une politique réaliste très habile en comparaison avec la politique noyée dans lidéalisme moral choisie par son adversaire, lImâm Alî".(40)

Maintenant on peut poser la question de savoir si lImâm Alî pouvait se permettre de reconduire Muawiya dans ses fonctions à Damas, et si une telle décision eut été adéquate?

Abbas Mahmoud al-Aqqad répond que "lImâm ne pouvait reconduire le mandat de Muawiya pour deux raisons. Dune part, parce quil avait lui-même conseillé à Othmân à plusieurs reprises de le destituer. Et dautre part, la présence de Muawiya ainsi que dautres exploiteurs comme lui dans lentourage de Othmân, constituait le principal grief formulé contre le précédent gouvernement. Si lImâm avait reconduit Muawiya, quelle aurait été la réaction de ses partisans?! Et celle des Musulmans en général?!"

Même si lon supposait quil avait pu changer dopinion sur Muawiya, comment aurait-il pu négliger lopinion des révoltés(41) qui lui avaient prêté serment dallégeance et lavaient choisi comme Calife pour quil changeât la situation et le régime de Othmân, en le remplaçant par un régime nouveau?! Et même si lon admettait que lImâm avait réussi, par une ruse quelconque, à renouveler le mandat de Muawiya, une telle solution aurait-elle été la voie la plus sûre pour avoir la paix?!

Non, probablement pas. Car les comportements de Muawiya montraient clairement quil nétait pas homme à se contenter de sa fonction de gouverneur de Damas tout au long de sa vie. Dans cette Province, en effet, il agissait comme sil voulait fonder son propre Etat et le garder pour ses descendants. Il sétait entouré de princes, avait acheté des partisans, sétait doté dune force et dune fortune afin de pouvoir tenir en attendant la première occasion qui lui permettrait de parvenir à ses fins. Or, quelle occasion inespérée que celle de lassassinat de Othmân! Il la justement saisie et prétextée pour crier et réclamer vengeance.(42)

Quant aux succès de sa politique, ils ne sont dus ni à son habileté dans les manoeuvres et les ruses, ni à son recours à tous les moyens fourbes au niveau desquels lImâm Alî était à cent lieues de sabaisser, mais aux différences de nature dans lattitude de chacun des deux hommes(43), ainsi quaux circonstances sociales favorables à Muawiya.

LA NATURE DE LATTITUDE DE LIM?M ET CELLE DE LATTITUDE DE MUAWIYA FACE AU CONFLIT
Dès le début, il y avait dans la nature de lattitude de lImâm - qui représentait la ligne de lAppel islamique - et celle de lattitude de Muawiya - qui incarnait la ligne de la déviation - de quoi imposer le résultat auquel le conflit entre les deux hommes a abouti.(44)

Pour traiter de la nature du conflit entre lImâm et Muawiya, il y a plusieurs indications et points quil faut prendre en considération:

1- Lattitude de lImâm Alî face au conflit (avec Muawiya) et aux équivoques de ses circonstances consistait à sattaquer à Muawiya pour le liquider politiquement. Donc, alors que lImâm Alî était, dans ce conflit, en position doffensive, Muawiya se trouvait sur la défensive.

En effet, lorsque lImâm a pris la responsabilité du pouvoir de lEtat islamique, il sest considéré directement et personnellement chargé de mettre fin à la scission et aux tentatives de révolte illégale provoquée par Muawiya et la ligne Omayyade "qui ont usurpé le pouvoir et quon peut qualifier de Tulaqâ"(45) ainsi que par "leurs descendants et tous ceux qui ont gardé une attitude belliqueuse et hostile à légard de lIslam et qui ne sy étaient convertis que par crainte et hypocrisie.(46)

La mission dextirper ce schisme du corps de la Umma islamique était donc impérative pour lImâm. Elle constituait le problème le plus pressant quil devait résoudre. Ainsi, lorsquil a fixé sa capitale en Iraq et y a consolidé sa base populaire, son premier objectif politique était de mobiliser cette base sur laquelle il sappuyait pour gouverner, et de liquider par la suite la scission illégitime que Muawiya avait provoquée au sein de la nation islamique. En revanche, le seul souci de Muawiya était de bien conserver Damas et de consacrer sa séparation des autres parties de la Umma islamique.

Cette vérité doit nous inciter à être conscients de la grande différence dans la nature des deux attitudes et de linfluence quelle exerce sur la nature du conflit. LImâm Alî était dans la situation dun commandant qui donne lordre à son armée de sexpatrier en vue de livrer une bataille - offensive - pour laquelle elle na dautre motivation que celle de faire régner le Message islamique. Car les Iraqiens qui composaient larmée de lImâm, nétaient pas affectés, dans leurs intérêts par la séparation de Damas, et navaient rien de particulier contre les habitants de cette Province.

De ce fait, il fallait quils fussent vraiment et fortement motivés par le Message islamique, pour livrer cette bataille, et quils eussent assimilé profondément cette cause et été très conscients de son contenu et de ses dimensions, pour être à même de sacrifier leurs vies et leurs biens pour elle.

En revanche, Muawiya nexigeait pas de son armée une telle générosité et un tel esprit de sacrifice. Il ne lui demandait ni doccuper lIraq ni denvahir le reste du monde islamique. Au contraire, il lui promettait la souveraineté et lindépendance et à long terme, le leadership du monde islamique dont la capitale serait Damas.

La plupart de ceux qui ont combattu au côté de lImâm étaient des gens conscients ou presque de leur cause. Ils ont répondu aux impératifs du Message dès le début et ont senti que leur devoir islamique les obligeait à mettre fin à la scission. Cest pourquoi ils ont consenti les sacrifices quils pouvaient. Ils ont livré courageusement plusieurs batailles acharnées, et ont offert à la cause islamique que lImâm défendait des sacrifices appréciables.

Mais inéluctablement, de tels sacrifices diminuaient progressivement, et proportionnellement au niveau de leur attachement à lImâm ou à celui de leur conscience de la cause. Cela vaut "notamment pour les chefs des tribus qui ont participé à la bataille, dune part parce quils vivaient sous le pouvoir de lEtat que lImâm Alî présidait, dautre part parce quils voulaient soutenir les Iraqiens contre les gens de Damas, ou encore, parce quils aspiraient à la souveraineté et à la victoire si lImâm Alî triomphait. En outre, larmée de Alî comprenait des forces qui lui fournissaient leur appui pour sa politique sociale - soit par acquit de conscience, soit à cause de leur appartenance à certaines classes sociales".(47)

Ce sont ces faits qui expliquent le phénomène des trahisons successives, signalées dans les rangs des combattants de lImâm "et dont la plus étrange était celle de son cousin Abdullah Ibn Abbas, suivie de celle de son frère Obeidallah, lesquels ont accepté de se rallier à Muawiya à condition quil leur laissât ce quils avaient pris de la trésorerie après lassassinat de lImâm Ali".(48)

Ainsi, les deux thèses - celle de lImâm Alî et de Muawiya - étaient inégales, tant par leffort exigé que par la motivation nécessaire.

La première thèse demandait à larmée de sexpatrier en vue de faire une guerre pour la cause de Dieu, la seconde demandait à larmée de rester dans ses bases et de défendre lindépendance de son pays sur son propre territoire.

Cette grande différence entre les deux thèses jouait un rôle important dans lattitude des deux antagonistes.

2- LImâm Alî devait faire face à une déviation à lintérieur de la société islamique quil gouvernait, due aux circonstances et aux ambiguïtés politiques qui prévalaient avant son accession au Califat, ce qui sajoutait à sa responsabilité de mettre fin au schisme du monde islamique, tâche qui le préoccupait pleinement à ce moment-là.

LImâm Alî menait donc deux batailles, lune contre le schisme politique, lautre contre la déviation intérieure.(49)

Il lui fallait ainsi venir à bout des situations déviées, reprendre les biens concédés aux traîtres, combattre sans merci les pensées et les concepts déviationnistes et non conformes à la ligne islamique.

Les mesures prises par lImâm à cet effet ont touché quelques notables influents tels Talha et al-Zubair. Ceux-ci ont réagi en provoquant une révolte à Basrah pour renverser le gouvernement de lImâm sous le prétexte de venger Othmân.

Ainsi, alors quil devait sappuyer sur toutes les forces intérieures pour mener son combat extérieur contre le schisme, lImâm Alî était contraint de mener un combat intérieur, difficile et épuisant, pour épurer et réformer la société quil gouvernait et qui vivait dans des situations complexes.

En revanche, Muawiya navait pas à mener un combat pour le changement à lintérieur de sa société. Au contraire, il ne faisait que renforcer les tendances qui y prévalaient. Il sest efforcé "dacheter les consciences, de favoriser une catégorie de citoyens au détriment dune autre, de fermer les yeux sur linjustice faite aux cultivateurs et commerçants, contraints de payer des impôts pour financer les visées dune poignée de chefs de tribu dont il se servait pour réprimer tout mouvement de libération".(50)

Il est notable - toutes les références historiques le confirment - que la province de Damas était entrée dans lEtat islamique à la suite dune conquête militaire et que lIslam ny a point pénétré profondément. De lIslam, on ny a retenu que le nom et les slogans. LIslam, dans son contenu véritable navait pas trouvé le chemin des coeurs de ses habitants. En effet, ceux-ci vivaient encore dans les résidus anté-islamiques et subissaient encore linfluence de la pensée quils avaient épousée avant leur conversion à lIslam; au point que leur état intellectuel, social et politique ne différait pas beaucoup de ce quils étaient avant lIslam.

Cest pourquoi, Muawiya ne voyait aucune contradiction entre sa thèse et ses objectifs dune part, et la société de Damas dautre part. Bien au contraire, celle-ci, par sa position économique, sociale, politique et intellectuelle, était toute désignée pour épouser sa thèse.

Alors que lobjectif de Muawiya consistait à fonder et à présider un "royaume-empire" nayant pas vraiment dattaches religieuses, celui de lImâm Alî était de faire face à une déviation chronique datant de lépoque du Prophète (P) et quil devait impérativement éliminer.

3- La position que lImâm occupait avant laccession au Califat et avant quil nengageât la bataille contre Muawiya, différait de celle quoccupait Muawiya avant cette bataille.

En effet, les fidèles ont conçu, dans leur esprit, lImâm Alî comme tout autre calife (au sens officiel du Califat) avant quil naccédât au pouvoir. Cette conception consistait à ne considérer lImâm que comme un Compagnon vénérable qui avait rendu de nobles services du vivant du Prophète (P), tout comme nimporte quel autre Compagnon ayant rendu des services similaires.

LImâm Alî sest élevé contre cette tendance dès le début, et a protesté contre les résolutions de Saqîfah visant à négliger sa thèse sur le leadership intellectuel et politique et à confier le pouvoir à dautres que lui. Cest pourquoi il sest abstenu de prêter le serment dallégeance à Abû Bakr durant six mois.(51)

Mais les Musulmans résignés au fait accompli, et soumis à linfluence de la politique du pouvoir des trois premiers califes, ont persisté à appliquer à Alî la conception officielle du Califat. Vu cette appréciation, beaucoup de Compagnons sestimaient être sinon dans la même position que celle de Alî, du moins, dans une position voisine.

Comme lui, ils étaient des compagnons du Prophète. Comme lui, ils avaient puisé leur savoir dans celui du Prophète. Même sils concédaient - dans les meilleures hypothèses - que lImâm était le plus dévot et le plus savant dentre eux, la différence qui les en séparait, nétait selon eux, quune question de degré.

Cette situation ne prévalait pas dans la société de Damas qui ne connaissait dautre leader que Muawiya Ibn Abî Sufian. En effet, les habitants de Damas sétaient convertis à lIslam sous le gouvernement du frère de Muawiya, Yazid Ibn Abî Sufian qui fut nommé par Abû Bakr, comme gouverneur. Lorsquil mourut, cest son frère qui le remplaça.(52)

Par conséquent ces habitants considéraient Muawiya avec respect et estime, puisque cétait grâce à lui et à son frère quils étaient passés du polythéisme à lIslam.

Les Omayyades ont exploité ce fait lorsquils ont combattu al-Hussain quils considéraient comme un hérétique, rebelle à la légalité du "pouvoir légitime". Sils sont parvenus à sassurer le soutien de leurs concitoyens, cest parce quils avaient constaté quils pouvaient compter sur leur appui religieux.(53)

On peut remarquer donc que les gens et les notables de Damas avaient une vision différente de celle que les Iraqiens avaient de lImâm Alî.

Cette différence dans la vision des deux communautés, de leurs imâms respectifs - Muawiya et Alî - a eu pour conséquence ce qui suit: alors que Alî se heurtait constamment à des avis et des opinions contradictoires de la part de ses fidèles, et souvent au refus de son point de vue, Muawiyay bénéficiait de lobéissance totale de ses sujets.

4- Le procès que faisait lImâm Alî à Muawiya nétait pas au niveau de "la sensation"(54) mais de "la conscience". Or, tous les Musulmans nétaient pas conscients.

Car "la plupart des gens comprennent la réalité sous linfluence des interprétations superficielles - qui avoisinent la sensation - basées sur des facteurs facilement perceptibles, et ne se donnent pas la peine de chercher ce quil y a au-delà de la réalité sensible, ni de connaître les motifs lointains, de nature missionnaire,(55) qui auraient contribué à la création de cette réalité".(56)

En revanche, le procès que Muawiya fait à Alî se situait au niveau de "la sensation". Or, la plupart des gens vivent létat de "la sensation" et peu dentre eux, celui de "la conscience" missionnaire.

LImâm Alî disait: "Muawiya ne représentait aucune des lignes de lIslam et de son grandiose Message. Il ne représentait que le préislamisme (jahiliyya) de son père Abû Sufian. Il voulait saboter lentité islamique et transformer la société islamique en une tout autre société qui ne croit ni à lIslam ni au Coran. Il cherchait à forger le Califat à limage des empires de César et de Cyrus".

En revanche, le procès de Muawiya contre Alî se résumait ainsi: "LImâm a incité les gens à se révolter contre Othmân, alors que celui-ci était le calife légitime. Ses partisans et sa famille étaient à la tête des révoltés contre Othmân. Il sest servi de ceux-ci pour assassiner Othmân et prendre sa place".

Muawiya sest accroché à cette thèse "sensualiste" pour faire le procès de Alî, dissimulant, ainsi, son objectif réel. Il en est résulté que les discussions sur le prétexte invoqué par cette thèse, se sont amplifiées pour éclipser le vrai problème.(57)

Dans quelle mesure, les allégations de Muawiya étaient-elles crédibles au niveau de "la sensation" ? Qui pouvait mettre en doute les dires de Muawiya sur des Compagnons, tels Muhammad Ibn Abû Bakr, Abû Tharr al-Ghifâri, Ammâr Ibn Yâcer, Mâlik al-Achtar, Muhammad Ibn Huthaifa, Ubaidallah Ibn Masûd et bien dautres quil accusait davoir entrepris lassassinat de Othmân et qui constituaient lappui populaire du régime de lImâm Alî?

Ammâr attaquait publiquement le calife Othmân; Abû Tharr incitait les pauvres à se révolter, accusait ouvertement Othmân et ses gouverneurs de sortir de la Charia islamique et appelait les riches à cesser de thésauriser, jusquà ce que Othmân lait exilé à Damas, sous la surveillance de Muawiya; Muhammad Ibn Abî Huthaifa et Muhammad Ibn Abû Bakr lançaient en Egypte le même appel que celui dAbû Tharr; à Kûfa, al-Achtar a attaqué violemment le régime de Othmân, laccusant dinjustice et de tyrannie.(58)

Que peut en conclure "la sensation", sinon que Alî a tué Othmân dune main, et sest emparé du pouvoir, de lautre?

La thèse de Muawiya était relativement admissible, parce quelle était proche de "la sensation".

Quant à linterprétation réelle de lattitude de Alî vis-à-vis de Muawiya, elle nécessitait un degré plus élevé de conscience.

Aujourdhui, nous pouvons porter sur Muawiya un jugement de réalité et le voir à nu, en nous rappelant ce quil a dit lorsquil est monté sur la chaire, lAnnée de Jamaa.(59)

"Ce nest pas pour vous inciter à prier, à faire le jeûne et le pèlerinage que je vous ai combattus, mais pour être votre maître et vous commander. Dieu ma accordé ce que je voulais, malgré vous".(60)

Nous pouvons encore mieux le juger, ayant appris comment il a empoisonné lImâm al-Hassan et désigné son fils, libertin et débauché, Yazid, pour sa succession, défiant et ignorant, ainsi, le traité de réconciliation quil avait conclu lui-même avec sa victime. Muawiya a dit à ce propos: "Jai promis de donner à al-Hassan beaucoup de choses, mais je les foule toutes sous mes pieds. Je ne tiendrai aucune de mes promesses. Je passe léponge sur tout bien dépensé et tout sang versé lors de cette émeute. Toute clause signée, je la foule sous mes pieds".(61)

Nous, nous pouvons juger Muawiya à travers ces critères et ces considérations, puisquil a disparu et quil appartient désormais à lHistoire. Quant aux masses musulmanes de lépoque, elles ne le jugeaient pas comme nous le jugeons maintenant, car elles navaient pas vécu ces événements avec la même clarté que nous.

Si nous pouvions faire abstraction de lhistoire de Muawiya, en nous contentant de le regarder sans cette histoire (cest-à-dire avec la vision des masses inconscientes qui avaient vécu sous Abû Bakr, Omar et Othmân et les avaient préférés à lImâm Alî) nous penserions comme elles - quil était lun des Compagnons du Prophète (P), lun des protégés du calife Abû Bakr qui lui confia le commandement de son armée pour la conquête de la Syrie, quil fut nommé plus tard, gouverneur de cette province par le calife Omar qui avait beaucoup de confiance en lui, sans oublier que celui-ci était très vénéré par les masses.

Ce Muawiya-là nest donc pas le Muawiya que nous connaissons aujourdhui.

Muawiya réclamait à Alî les assassins de Othmân, et laccusait davoir incité à son assassinat. Il disait que Alî était en principe en mesure de rendre justice à Othmân en arrêtant et condamnant ses assassins. Sil en était incapable, il ne serait donc pas en mesure dappliquer la charia et devrait par conséquent se démettre et céder sa place à quelquun de plus compétent que lui pour gouverner les Musulmans.(62)

Ainsi se résume donc le procès que Muawiya faisait à Alî. Et cest en raison dune série de circonstances complexes et déquivoques qui lentouraient, quun germe de suspicion fut conçu progressivement dans la société de Alî, cet Imâm grandiose qui a mené son combat à travers cette même société, pour corriger la déviation née à lintérieur ou évoluant à lextérieur, et voulu faire comprendre aux masses quil dirigeait, que ce combat nétait ni de caractère à satisfaire son intérêt pour le leadership, ni de nature à servir sa tribu, son clan ou ses gloires personnelles, mais le combat de lIslam contre les jahilites de la terre, celui de la sauvegarde du Dépôt de Dieu pour lequel des dizaines de milliers de prophètes et de réformateurs ont lutté.

Alors que lImâm sefforçait de rendre les masses conscientes du motif réel du combat et de sa nature sacrée, ces mêmes masses ont pris le chemin opposé en émettant des doutes sur sa vraie raison dêtre. Il en est résulté que plus lImâm les appelait à lui obéir et à sengager dans la bataille contre Muawiya, plus elles sentêtaient et insistaient sur leur position. Il leur a dit à ce propos:

"Je remercie Dieu de ce quIL a décidé et imposé, et de la tâche épineuse - davoir à faire à vous - quIL ma confiée: "O vous qui désobéissez lorsquon vous ordonne, qui ne répondez pas si lon vous appelle. Si on vous néglige, vous faites des bêtises et lorsquon vous combat, vous flanchez".(63)

En fait, ces masses ont été atteintes par la fatigue et épuisées par le jihad(64), après avoir offert dénormes sacrifices que beaucoup dautres sociétés nauraient pu consentir. Mais leur effort pour le jihad nétait pas de longue haleine. La déviation savérait être plus tenace.

Ces masses fatiguées et épuisées par la longue marche du jihad commencèrent à se sentir dans un état anormal, à sentir quelles avaient divorcé de ce bas-monde, de leurs familles, de leurs enfants et de leurs biens, pour une cause qui ne touchait pas directement à leurs intérêts personnels, et enfin à inspirer le doute à elles-mêmes. Car, le relâchement inspire le doute à lhomme ou le provoque en lui.

Le désir de ces masses darrêter les guerres et de mettre fin à leffusion de sang a créé en fait un doute illogique, doute à la création duquel beaucoup de facteurs et dinfluences ont contribué. En voilà quelques-uns:

1- Des compagnons qui étaient considérés par les fidèles comme des pieux doctrinaires et idéalistes, laissaient croire aux masses quil nétait pas bon de sengager dans ce combat et que: "Celui qui y reste assis est mieux que celui qui sy tient debout, celui qui sy endort est mieux que celui qui y demeure éveillé, celui qui y marche est mieux que celui qui y court".

2- Les fidèles étaient beaucoup plus sensibles à la suggestion dAbû Moussa al-Achari quà celle de Ammâr Ibn Yâcer. Car le premier les incitait à préserver leur vie, à séloigner des dangers, à rester chez eux, à sécarter de lIslam et à éviter ses risques et ses ennemis, le second les appelait à poursuivre le jihad, à abandonner ce bas-monde et ses plaisirs et à sacrifier leur vie.

Ammâr Ibn Yâcer était un Compagnon notoire, Abû Moussa aussi - du moins à leurs yeux. Celui-ci leur demandait de survivre, celui-là de mourir!

Tout homme normal et simple préférait le conseil dAbû Moussa à celui de Ammâr, car il tenait à sa vie, si insignifiante fût-elle, sous lombre du régime jâhilite de Muawiya et de ses idoles.

3- Il y avait également le facteur du conflit traditionnel entre les Omayyades et les Banî Hâchim. Ce conflit sest prolongé à lépoque islamique et a contribué à renforcer le doute en question. En effet, les gens se sont mis à se creuser le cerveau en cherchant un point faible dans le combat engagé, pour justifier leur défaitisme et leur défection. Ils ont fini par trouver ce quils cherchaient dans ce conflit. Ils se sont efforcés de répandre lidée selon laquelle le combat de Alî nétait que la continuation du conflit traditionnel (historique) entre les Omayyades et les Banî Hâchim.

Ces facteurs et bien dautres ont fini par faire planer le doute sur le combat mené par lImâm Alî, et conduire les masses à ne pas percevoir clairement le caractère idéaliste et missionnaire de la lutte. LImâm Alî, constatant le refus des fidèles de sengager dans le jihad, sest adressé à eux, de sa chaire, en ces termes:

"Par Dieu! Est-ce possible quà ce point, ni la religion ne vous réunisse ni la fierté ne vous meuve?! Il nest donc pas étonnant de constater que lorsque je vous demande - à vous qui êtes les héritiers de lIslam et les notables des fidèles - de laide ou un peu de sacrifice, vous vous éloignez de moi et vous vous mettez en désaccord à mon sujet, tandis que lorsque Muawiya appelle des gens grossiers et de basses conditions morales, ils le suivent sans demander en contrepartie ni aide ni rétribution!".(65)

Ou encore: "Ouf! Jen ai assez de vous blâmer! Comment avez-vous accepté de substituer ce bas monde à lau-delà, et lhumiliation à la fierté? Lorsque je vous appelle au jihad contre votre ennemi, vos yeux se tournent, comme si vous étiez dans labîme de la mort et livresse de la stupéfaction... Par Dieu, si la guerre venait à sattiser et la mort à se présenter, vous vous écarteriez de moi comme une tête qui se fend en deux irréversiblement".(66)

LImâm avait beau essayer de susciter leur détermination et leur fierté, ses efforts étaient vains. Car ils étaient imprégnés de doute. Or, douter du Commandant, cest le coup le plus dur quon puisse infliger à un Commandant sincère, et cest également le plus grand danger auquel sexpose lUmma quil dirige.

Lamertume et les peines profondes que lImâm ressentait à cause de ce doute, sont très manifestes dans son combat.

LImâm sen plaignait auprès de Dieu: "Mon Dieu! Jen ai assez deux et ils en ont assez de moi. Je suis las deux et ils sont las de moi. Remplace-les pour moi par dautres, meilleurs queux. Et mets à leur tête, au lieu de moi, quelquun dautre, moins bien que moi. Mon Dieu fait suinter leurs coeurs comme le sel suinte dans leau".(67)

Mais malgré ce vent de doute qui soufflait violemment, lImâm na ni fléchi ni reculé. Il est resté sur ses positions, poursuivant laction de mobilisation pour mener le jihad contre Muawiya et le schisme jusquà la dernière année de sa vie. Et même jusquau dernier jour de sa noble vie, lorsquil fut assassiné dans la mosquée de Kûfa alors quil était au sommet de leffort en vue de mettre fin à la dissidence, puisquil venait de constituer les noyaux dune armée formée et approvisionnée spécialement pour se diriger vers la Syrie et écraser le camp dissident de Muawiya.

Avec le martyre de lImâm. les forces révisionnistes ont mis fin à la dernière lueur despoir de revenir à la ligne juste de lExpérience islamique, espoir de ces Musulmans conscients, quincarnait le grandiose Imâm qui a vécu, dès le premier moment ou il avait accédé au pouvoir, les préoccupations et les peines de lAppel(68) et qui a participé à son édification, brique par brique, et dressé avec le Messager, sa citadelle, durant toutes ses étapes.

 
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Le Refus de lImâm de Transiger était-il un Entêtement? Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de LIMAM ALI Le Refus de lImâm de Transiger était-il un Entêtement?
Il nous reste à souligner et à expliquer un phénomène important dans la vie de lImâm. Il sagit du refus catégorique, opposé par lImâm depuis son accession au pouvoir jusquau jour de son assassinat, de toutes formules et solutions de compromis en ce qui concerne léradication de la déviation. Il ne lui est jamais venu à lidée de transiger sous quelque forme que ce soit - avec la déviation au détriment de la Umma.

Cette attitude de refus de toutes solutions de compromis a capté lattention de la plupart des historiens, dans le passé et à présent. Mais les conclusions quils en ont tiré trahissent une méconnaissance des faits historiques et une interprétation erronée de la vérité de la nature de lattitude de lImâm.

Nous allons à présent analyser cette attitude et laborder sur deux plans: politique et jurisprudentiel :

1- Sur le plan politique, certains contemporains de lImâm pensaient que la façon dont celui-ci traitait les questions gouvernementales relevait dune sorte dentêtement, conduisait par conséquent à compliquer la situation, provoquait des difficultés dans son Etat, et aggravait les problèmes, ce qui rendait, en fin de compte, lImâm, incapable de les résoudre, le détournait de ses principales occupations administratives et gouverne-mentales et lempêchait de mener à bien son expérience.

On peut citer à cet égard, lexemple de Mughîrah Ibn Chaaba qui était allé voir lImâm pour lui proposer de confirmer Muawiya dans son poste de Gouverneur de la Syrie jusquà ce que la situation se stabilise, ce qui pourrait amener le gouverneur en question à se soumettre et à prêter serment dallégeance, ou de ne le destituer que lorsque tous les abstentionnistes et opposants dans les différentes parties de lEtat auraient prêté serment dallégeance à lImâm. Mais celui-ci a refusé toute forme de compromis, réaffirmant sa ligne politique à travers les propos suivants:

"... mon regret est grand de voir cette Umma dirigée par ses impudents et ses débauchés qui se passent les biens de Dieu les uns aux autres, qui asservissent les serviteurs de Dieu, qui font la guerre aux bons fidèles, qui choisissent le parti des scélérats. Il y a parmi eux quelquun qui a bu devant vous ce qui est prohibé et qui fut fouetté pour cela, selon le code pénal islamique, et dautres qui ne sétaient convertis à lIslam quaprès avoir été payés".(69)

Et à propos de la restitution des biens usurpés de la trésorerie, il a dit: "Tout bien appartenant à Dieu, donné "par Othmân" doit être restitué à la trésorerie. Car rien ne peut abolir le bon droit. Celui qui supporte mal le bon droit, linjustice lui sera encore plus insupportable".

Cest justement à ce propos que certains contemporains de lImâm ainsi que quelques historiens ont fait remarquer que lImâm aurait pu réaliser un succès certain et une victoire sûre, du point de vue politique, sur ses ennemis, sil avait accepté de transiger et de se prêter à ce type de compromis.

2- Sur le plan jurisprudentiel nous abordons ce sujet à travers une notion jurisprudentielle commune, appelée al-Tazâhum (littéralement "bousculade" ou "conflictuel"), qui signifie que "le plus important" doit primer "limportant".

En dautres termes, si laccomplissement dun devoir des plus importants dépend dun acte prohibé, il nest pas permis de sabstenir daccomplir le premier en prétextant la prohibition du second. Il faut accomplir toujours le devoir le plus important. Par exemple, si le sauvetage dun noyé dépendait de la traversée dun terrain dont le propriétaire interdit son accès, le Saint Législateur nous autorise à traverser le terrain même sans le consentement du propriétaire. Car lacte de sauvetage est plus important que linterdiction daccès au terrain privé sans le consentement du propriétaire.

Ceci est logique du point de vue jurisprudentiel, car la règle veut que si lobservance dun devoir dépend dun acte prohibé et que le motif du premier lemporte sur celui du second, il est indispensable détablir la primauté du "devoir" sur lacte "prohibé".

Partant de cette notion jurisprudentielle et de cet ijtihad(70) politique, nous pouvons poser la question suivante sur le phénomène dont nous traitons et que nous analysons ici: pourquoi lImâm navait-il pas appliqué cette règle jurisprudentielle sur ses comportements et son attitude politique?!

Les opposants à la politique de lImâm disaient, à ce sujet, que si celui-ci avait su exploiter à son profit, cette règle jurisprudentielle en lappliquant, et sil avait déployé ses efforts dans la direction du devoir majeur, en loccurrence: maîtriser le commandement de la société islamique et oeuvrer en vue de réussir à travers elle, de grandes réalisations pour lIslam, même au prix de la tolérance de quelques prohibitions - tolérance justifiée par le devoir majeur et admettant des justifications jurisprudentielles - il aurait pu ouvrir aux Musulmans, en maîtrisant les rênes du pouvoir, les portes du bonheur et du bienfait et instaurer pour eux le régime de Dieu sur la terre.

Là, on peut préciser, un peu plus, la question que nous venons de poser à savoir pourquoi lImâm ne sétait-il pas orienté vers la réalisation de lobjectif majeur, en reconduisant Muawiya - dans ses fonctions de Gouverneur de la Syrie et en oubliant les biens volés à la trésorerie par les Omayyades - fût-ce provisoirement? Pourquoi na-t-il pas adopté une telle attitude en donnant à la notion de "tazâhum" dont nous avons parlé, une application vivante?

Pour répondre à ces questions, signalons que la règle jurisprudentielle en question nest pas applicable sur les attitudes de lImâm Alî pour les deux raisons suivantes:

1- Lun des plus importants objectifs que lImâm a tracés pour sa ligne politique était le renforcement de son régime dans une région précise de la nation islamique, en loccurrence lIraq qui renfermait un grand nombre de partisans et de bases populaires, acquis intellectuellement, spirituellement et affectivement au régime de lImâm Alî, même sils nétaient pas profondément et réellement conscients du contenu de son message.

Pour réaliser cet objectif prioritaire, il lui fallait former sur ce terrain propice, une avant-garde consciente et capable de protéger le Message et ses objectifs, de le sauvegarder et le propager à travers lensemble du monde islamique et pendant des générations - ce qui est naturel pour tout Etat qui se veut doctrinal et missionnaire. Or, lImâm aurait-il pu créer une telle avant-garde dans une ambiance imprégnée de compromis (même si ces compromis étaient légalement admis et conformes aux clauses de "Tazâhum")?

LImâm était convaincu de la nécessité de préserver la pureté et la limpidité de son opération éducative (en vue de constituer une armée doctrinale). Pour cela, il tenait à en donner lexemple, par son action, en se présentant comme un dirigeant qui ne cède pas aux tentations ni ne se prête aux compromis.

2- LImâm a accédé au pouvoir à la suite dune révolution contre Othmân. Cest à dire que la Umma islamique vivait dans un esprit tellement révolutionnaire, que Othmân fut assassiné et son régime déchu, parce quil avait dévié de la voie du Coran et de la Sunna du Prophète (P).

Cet élan passionnel et exalté, qui prévalait dans un moment de lhistoire de la Umma, fut ravivé et exploité pertinemment par lImâm Alî pour renforcer son régime et faire admettre les mesures révolutionnaires quil a prises plus tard, en vue de faire face à la complexité des problèmes de la société.

Là, une autre question se pose et simpose: quel sort attendrait lImâm, dans cette atmosphère électrisée par la passion et lélan révolutionnaire, sil avait laissé linjustice intacte, et sil nétait pas intervenu pour y mettre fin par une action de réforme radicale?

Ou sil avait gardé le silence sur les agissements arbitraires et incontrôlables des gouverneurs lors du précédent califat?

Ou encore sil sétait tu sur les actes de Muawiya?

LImâm aurait-il mieux fait dattendre que les passions fussent apaisées et que ce courant psychologique passionnel et effervescent fût éteint?

Si lon admet une réponse positive, rien ne prouve que dautres circonstances propices surviendraient pour que lImâm puisse prendre les mesures qui simposaient. La meilleure conjoncture politique pour faire passer les mesures de changement, était létat révolutionnaire que la Umma islamique vivait lors de sa révolution contre Othmân.

Il était donc impossible, sous quelque prétexte que ce fût, de reporter les mesures prises par lImâm, à une date ultérieure où ce flambeau révolutionnaire embrasé serait éteint et où les passions seraient apaisées.

LIMAM (p) VU PAR LE PROPH?TE(P)
(I)
1- Le titre de la feuille du compte du croyant pieux est lamour de Alî.(71)

2- Il ny a pas de vrai sabre si ce nest Thû-l-Fiqâr, et il ny a pas de vrai jeûne en dehors de Alî.(72)

3- Mon porte-étendard dans ce bas-monde et dans lAu-delà est Alî.(73)

4- Mon Seigneur ma ordonné de refermer toutes les portes à lexception de celle de Alî.(74)

5- Les Véridiques sont au nombre de trois : Le Croyant d?le Yâssine, le Croyant d?le Pharaon et le meilleur dentre eux, Alî.(75)

6- Quiconque désire vivre comme moi et mourir comme moi, quil choisisse pour Maître, après moi, Alî.(76)

7- Le crieur criera le Jour de la Résurrection: O Mohammad! Quel meilleur père tu as en la personne dIbrâhîm et quel meilleur frère en la personne de Alî.(77)

8- Tout Prophète a un successeur et un héritier; or mon successeur et héritier est Alî.(78)

9- Mon Dieu ne me laisse pas mourir avant de me montrer la face de Alî.(79)

10- Nous avons été créés du même arbre, moi et Alî.(80)

11- Le plus savant de ma Umma après moi est Alî.(81)

12- Ornez vos réunions avec lévocation des mérites de Alî.(82)

13- Le meilleur juge de ma Ummah est Alî.(83)

14- Je suis lavertisseur et le guide après moi est Alî.(84)

15- Cest se soustraire en Enfer que daimer Alî.(85)

16- De quiconque je suis le Maître, son Maître est aussi Alî.(86)

17- Personne naurait été digne de Fâtimah, si Allah navait créé Alî.(87)

18- Je recommande (par testament) à quiconque aura eu foi en moi et maura cru la Wilâyah (lautorité et lamitié) de Alî.(88)

19- Le premier dentre vous à atteindre le Bassin (le Paradis) est le premier dentre vous à embrasser lIslam, en loccurrence Alî.(89)

20- Personne ne traversera le ?irât (la Voie) sans avoir attesté de la Wilayah de Alî.(90)

21- Personne ne pourra parler en mon nom en dehors de Alî.(91)

22- Le plus malheureux des premiers et des derniers sera lassassin de Alî.(92)

23- Bienheureux est cet arbre du Paradis, dont la racine se trouve dans la maison de Alî et dont le branchage est Alî.(93)

24- Alî est celui qui départage le Vrai et le Faux.(94)

25- Alî est le plus grand véridique.(95)

26- Alî est celui dont la main est égale à la mienne dans la balance de la justice.(96)

27- Alî est mon frère dans ce bas-monde et dans lAu-delà.(97)

28- Alî est le meilleur des hommes, quiconque ne ladmet pas aura été incroyant.(98)

29- Alî est la porte de Hottah : quiconque y entre aura été croyant.(99)

30- Alî est lImâm des vertueux et lexterminateur des libertins. Quiconque le soutient sera soutenu et quiconque labandonne sera abandonné.(100)

31- Alî est lImâm des pieux, le Commandeur des croyants et le leader des adorateurs assidus dont les visages, les mains et les pieds sont marqués par les traces du wudhû et témoignent le Jour de la Résurrection de leur piété.(101)

32- Alî est à moi ce que Hâroun (Aaron) était à Moussâ (Moïse) [Alî occupe auprès de moi la même position que Hâroun occupa auprès de Moussâ].(102)

33- Alî a un droit sur la Ummah égal au droit dun père sur son fils.(103)

34- Alî est avec le Coran, et le Coran est avec Alî.(104)

35- Alî et ses Chiites (adeptes) sont ceux qui gagneront (Le Paradis).(105)

36- Alî est la Porte de mon Savoir et linterprète, auprès de ma Ummah, de ce qui ma été révélé.(106)

37- Alî: laimer est un signe de Foi et le détester, un signe dhypocrisie (lamour de Alî équivaut à la Foi).(107)

38- Alî est (le critère de la répartition ) le Répartiteur des gens entre le Paradis et lEnfer.(108)

39- Alî occupe parmi les hommes une place équivalente à celle quoccupe le verset: "Dis: Allah est Un" dans le Coran.(109)

40- Alî est un bien-aimé entre deux amis intimes: moi et Ibrâhîm.(110)

41- Alî, quiconque se sépare de lui se sera séparé de moi; or quiconque se sépare de moi, se sera séparé dAllah.(111)

42- Alî est de moi et je suis de Alî, et il est le Maître de tout croyant après moi.(112)

43- Alî est le plus aimé dAllah et de Son Messager, de toute la créature dAllah. [De toute la créature dAllah, Alî est celui qui est le plus aimé dAllah et de Son Messager].(113)

44- Alî: lévoquer est un acte de piété et regarder son visage est un acte de piété.(114)

45- Alî: Laimer est un bon acte dont leffet ne sera pas effacé par un mauvais acte.(115)

46- Alî jouit de la même position que la Kabah.(116)

47- Alî est à moi ce que ma tête est à mon corps.(117)

(II)
Le Prophète (P) a dit:

- Le meilleur de vos hommes est Alî Ibn Abî Tâlib, les meilleurs de vos jeunes sont al-Hassan et al-Hussain et la meilleure de vos femmes est Fatimah fille de Mohammad.(118)

- Allah ma ordonné de marier Fâtimah à Alî.(119)

- Quiconque maime, quil aime Alî aussi, et quiconque met Alî en colère maura mis en colère moi aussi, et quiconque me met en colère, aura mis Allah en colère, et quiconque met Allah en colère ira en Enfer.(120)

- Le Coran est descendu selon sept lectures dont chacune a un sens apparent et un sens caché, et Alî Ibn Abî Tâlib possède la science du sens apparent et du sens caché.(121)

- "O Fatimah! Je tai mariée à quelquun qui est Maître (Sayyed) dans ce monde et qui sera parmi les pieux dans lautre monde. O Fatimah! LorsquAllah a voulu que je te marie à Alî, IL a ordonné à Jibrâîl (lAnge Gabriel) de se préparer dans le 4ème Ciel où il a disposé les anges en rangées, a fait un prône et ta marié ainsi à Alî. Puis Allah a ordonné aux arbres du Paradis de porter des ornements et des robes pour les répandre sur les anges. Ceux, parmi ces derniers, qui ont eu la chance den avoir plus que dautres, en seront fiers jusquau Jour de la Résurrection". Selon Om Salama, Fâtimah (p) senorgueillissait devant les autres femmes davoir été la première à faire lobjet du prône de Jibrâîl.(122)

(III)
Selon Ibn Masûd:

- Un jour le Messager dAllah (P)se rendit chez Om Salama. En y voyant venir Alî à son tour, il (P) dit: "O Om Salama! Voilà, par Allah, lexterminateur des déviationnistes, des renégats et des hérétiques après moi".(123)

- Ibn Masûd a relaté: "La première chose que jai apprise sur le Messager dAllah (P), cétait lorsque, venant avec mes oncles à la Mecque, on nous a orientés vers al-Abbâs Ibn Abdul-Muttalib. Alors que nous étions assis avec lui à Zam-Zam, un homme est entré (à la Kabah) par la porte de Safâ (....). Il portait deux chemises blanches et il brillait comme la pleine lune. A sa droite marchait un garçon imberbe, le visage beau, adolescent ou pubère; et derrière lui, le suivait une femme qui voilait ses beautés. Il se dirigea vers la Pierre Noire et lembrassa. Le garçon, puis la femme, ont fait de même. Il accomplit ensuite sept tours autour de la Kabah, avec le garçon et la femme. Après quoi, il embrassa le Rukn (le Pilier) et levant les mains, il prononça le Takbîr (dire Allâhu Akbar = Allah est le plus Grand). Le jeune homme se mit debout à sa droite, et levant les mains dit le Takbîr, et la femme à sa gauche accomplit le même rite. Lhomme prolongea le qiyâm (la position debout ou station debout) avant de sincliner longuement, puis de se redresser le buste et faire le qunût (lever les deux mains vers le ciel) pendant quil était debout. Puis il se prosterna et avec lui le garçon et la femme qui firent tout ce quil fit. Surpris de voir ces gestes que nous navions jamais vus avant à la Mecque, et que nous avons désavoués, nous nous sommes adressés à al-Abbâs: "O Abu-l-Fadhl! Nous navons pas connu cette religion chez vous avant! Sest-il passé quelque chose de nouveau ?". Al-Abbâs répondit: "Oui, par Dieu! Ne le savez-vous pas?". "Non!", répondîmes-nous. Al-Abbâs expliqua: "Cet homme est Mohammad Ibn Abdullâh, mon neveu. Le garçon est Alî Ibn Abî Tâlib. La femme est Khadîjah Binta Khuwaylid. Par Dieu! Personne dautre que ces trois sur la terre nadore Dieu selon cette religion".(124)

Selon Jâbir Ibn Abdullâh :

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Jai entendu le Prophète (P) dire à lImâm Alî (p): "O Alî! Les gens sont issus de divers arbres, tandis que moi et toi descendons dun même et seul arbre" et le Messager dAllah(P) de réciter ce verset coranique: "... des jardins plantés de vignes, de céréales et de palmiers - disposés en touffes ou bien dispersés - Ils sont tous arrosés avec la même eau ..." (Sourate al-Rad; Le Tonnerre, 13:40).(125)

- Selon Jâbir Ibn Abdullâh, le Messager dAllah (P) a dit à lImâm Alî (p): "Tu es à moi ce que Hârûn fût à Moïse, à cette différence quil ny a pas de Prophète après moi".(126)

- Jâbir Ibn Abdullâh témoigne: Jai entendu le Messager dAllah(P) dire: "Je suis la Cité du Savoir et Alî (p) en est la Porte. Quiconque recherche le Savoir, quil entre donc par la Porte".(127)

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Jai entendu le Messager dAllah (P) dire, en tenant la main de Alî (p), le jour de Hudaybiyyah: "Voilà lEmir des vertueux, lexterminateur des libertins. Sera soutenu quiconque le soutiendra, et abandonné quiconque labandonnera. Je suis la Cité du Savoir et Alî en est la Porte. Quiconque recherche la Maison, quil entre donc par la Porte".(128)

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Un jour nous étions chez le Prophète (P) et Alî (p) entra. Le Prophète (P) a dit alors: "Par Celui Qui dispose de mon âme! Cet homme et ses Chiites (partisans) seront les vainqueurs le Jour de la Résurrection". Et là le verset suivant a été révélé: "... Ceux qui croient et qui font des oeuvres bonnes: voilà le meilleur de lHumanité". (Sourate al-Bayyinah; 98: 7). Depuis lors, chaque fois que les Compagnons voyaient venir Alî (p), ils disaient: "Le meilleur de lHumanité arrive".(129)

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Le Messager dAllah (P) a dit: "Ali Ibn Abî Tâlib (p) est le détenteur de mon Bassin, le Jour de la Résurrection. Ce bassin comptera des coupes aussi nombreuses que les étoiles du ciel. Mon Bassin sera aussi grand que la distance entre Al-Jâbiyah (un village de Damas) et Sanaa (la capitale du Yémen)".(130)

- Selon Jâbir Ibn Abdullâh: Un jour le Messager dAllah (P) demanda à (son oncle) al-Abbâs Ibn Abdul-Muttalib: "Veux-tu garantir ma dette et mes promesses?". Al-Abbâs sexcusa: "Non, je ne le peux pas". Son fils Abdullâh Ibn Abbâs se fâcha alors et lui dit: "Quel vieillard tu es! Le Messager dAllah (P) tappelle à acquitter sa dette et ses engagements!". Al-Abbâs lui répondit: "Laisse-moi tranquille! Mon neveu fait la course contre le vent". Le Messager dAllah (P) formula la même demande en ladressant cette fois-ci à Alî (p), lequel répondit sur-le-champ: "Oui, je men occupe".(131)

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Le Messager (P) a dit: "Que cessent (leurs méfaits) les Banû Walîah! Autrement, je leur enverrai un homme qui est comme moi-même, il tuera leurs combattants et prendra en captivité leurs progénitures". Le voilà (et le Prophète (P) de poser sa main sur lépaule de Alî Ibn Abî Tâlib (p)).(132)

- Jâbir Ibn Abdullâh rapporte: Un jour nous étions assis chez Omar Ibn al-Khattâb (lorsquil était devenu calife). Kab al-Ahbâr (le chef suprême des Gens du Livre) se leva et demanda: "Quels étaient les derniers mots du Messager dAllah (P)?". Omar lui dit: "Demande-le à Alî". Kab al-Ahbâr questionna: "Où est-il?". "Ail est ici. Le voilà", répondit Omar. Kab al-Ahbâr posa la question à Alî (p), lequel expliqua: "Lorsque je lai mis contre ma poitrine, il posa sa tête sur mes épaules et dit: "La prière! La prière!". Kab al-Ahbâr approuva en signe de satisfaction et confirma: "Oui, en effet, de cette façon meurent les Prophètes. Ils ont reçu lordre dagir ainsi, et ils sont envoyés sur la base de ce principe". Puis il demanda encore: "Et qui lui appliquait alors le lavage rituel?". Ali (p) répondit:
"Cest moi qui le lavait à ce moment-là".(133)

- Selon Jâbir Ibn Abdullâh: Le Jour de la Campagne de Khaybar, le Messager dAllah (P) envoya un combattant pour faire face à lennemi. Mais ce combattant se dégonfla. ? ce moment-là, Mohammad Ibn Maslamah revint (du combat) et dit: "O Messager dAllah! Je navais jamais vu une chose pareille à ce que jai vu aujourdhui (la puissance de lennemi)! Même Mahmûd Ibn Maslamah a été tué!". Le Messager dAllah (P) a commandé alors à ses hommes: "Evitez la rencontre avec les ennemis et demandez à Allah la sécurité. Car vous ne savez pas à quelles épreuves ils vous soumettront. Si pourtant, vous veniez à les rencontrer dites: "O Allah! Tu es notre Seigneur et Le leur. Tu disposes de nos destins et des leurs. Extermine-les Toi-même". Puis assoyez-vous par terre. Si malgré cela ils sapprêtent à vous attaquer, relevez-vous et criez "Allâhu Akbar"". Et le Messager dAllah (P) dajouter: "Demain je leur enverrai un homme qui aime Allah et Son Messager, lesquels le lui rendent. Il ne reculera jamais. Allah accordera la victoire par lui". Tout le monde se sentit honoré (par cette nouvelle). Alî (p) était ce jour-là chassieux. Le Messager dAllah(P) lui a ordonné: "Marche (sur les ennemis)". Alî (p) lui a demandé: "Pour quel objectif?". "Pour quils attestent quil ny a pas de dieu en dehors dAllah et que je suis le Messager dAllah. Sils acceptent, ils mauront évité leffusion de leur sang et la confiscation de leurs biens. Pour le reste, Allah soccupera de leur compte". Alî (p) alla à leur rencontre et Allah lui accorda la victoire effectivement.(134)

- Selon Jâbir Ibn Abdullâh: Ali(p) a porté seul la porte de Khaybar lorsquil a conquis cette citadelle. Dautres ont essayé par la suite de la porter. Il a fallu quarante hommes pour cette tâche (que Alî (p) avait accomplie tout seul)(135).

- Selon Jâbir Ibn Abdullah: Le Messager dAllah (P) avait dit un jour à Alî (p): "Que la Paix soit sur toi, ô père des deux bouquets(136). Je te recommande tous les biens pour mes deux bouquets dans ce monde. Car, bientôt tes deux piliers vont lâcher et cest Allah qui soccupera de toi après moi". Lorsque le Prophète (P) décéda, Alî (p) a dit: "Voici lun des deux piliers dont le Prophète (P) a parlé". Et quand Fâtimah (p) mourut à son tour, Alî (p) a commenté: Voilà le second pilier dont le Prophète(P) a parlé".(137)

- Selon Jâbir Ibn Abdullâh, le Messager dAllah (P) a dit: "Allah - IL est Puissant et Très-Haut - a déposé la progéniture de tout Prophète dans son épine dorsale, excepté moi dont IL a placé la progéniture dans lépine dorsale de Alî Ibn Abî Tâlib".(138)

Quelques hadiths concernant les mérites de Alî tirés de Târîkh al-Kholafâ de J-D. As-Suyûtî . . . .
1- Ahmad Ibn Hanbal dit: Ce qui nous a été transmis concernant les mérites de Alî, na été égalé par les mérites daucun des Compagnons du Messager de Dieu. (Al-Hâkim)

2- Citant Ibn Abbâs, Ibn Asâkir atteste: Le Livre de Dieu na révélé à propos daucune autre personne autant quil a révélé concernant Alî. Trois cents versets ont été révélés au sujet de Alî.

3- Al-Tabarâznî et Abû Hâtam rapportent quIbn Abbâs a dit: Jamais le Seigneur na révélé les termes: "? vrais Croyants" sans que Alî y soit compris comme étant leur maître et leur chef. Le Seigneur a réprouvé à divers endroits les Compagnons du Prophète, mais IL na jamais mentionné Alî sans approbation.

4- Al-Tirmithî, al-Nasâî et Ibn Mâjah, citant Habachi Ibn Jonada, ont rapporté que le Messager de Dieu avait dit: "Alî est de moi et je suis de Alî".

5- Al-Tabarânî rapporte, dans "Awsat", citant Jâbir Ibn Abdullâh, que le Messager de Dieu a dit: "Les gens sont de souches diverses, mais moi et Alî, sommes dune seule souche".

6- Al-Tabarânî rapporte dans "Awsat" et "?aghîr" quOm Salama a relaté: Jai entendu le Messager de Dieu dire: "Alî est avec le Coran et le Coran est avec Alî. Ils ne se sépareront pas avant quils arrivent à la fontaine de Kawthar au Paradis".

7- Ibn Sad rapporte que Alî a dit: "Par Allah, jamais un verset du Coran na été révélé sans que je voie maintenant ce quil a révélé et à propos de qui il a été révélé, car mon Seigneur ma doté dun coeur sage et dune langue éloquente".

8- Ibn Sad et dautres rapportent dIbn Tofayl, que Alî a dit: "Interrogez-moi sur le Coran, car il ny a pas un verset dont je ne sache pas sil a été révélé la nuit ou le jour, dans les plaines ou sur les montagnes".

9- Al-Tirmithî et al-Hâkim rapportent de Alî que le Prophète a dit: "Je suis la Cité du Savoir et Alî en est la Porte".

10- Ibn Masûd rapporte que le Prophète a dit: "Regarder Alî est un acte de dévotion".

11- Ibn Asâkir, citant le témoignage dAbû Bakr, écrit: Le Prophète dit: "Regarder Alî est un acte de piété".

12- Muslim rapporte que Alî a dit: "Par Celui qui a fendu les graines et créé lâme, le Prophète ma promis que ne maimera quun vrai Croyant et que ne me détestera quun hypocrite".

13- Al-Tirmithî rapporte quAbû Said al-Khudrî a dit: "Nous avions lhabitude de reconnaître les hypocrites à leur haine pour Alî".

14- Al-Tabarânî, citant le témoignage dOm Salma, rapporte que le Prophète a dit: "Celui qui aime Alî maura aimé et celui qui déteste Alî maura détesté, et celui qui maura détesté aura détesté le Seigneur".

15- Abû Yalâ et al-Bazzâr, citant Sad Ibn Abî Waqqâç, rapportent que le Messager de Dieu (P) a dit: "Celui qui injurie Alî, minjurie aussi".

16- Ahmad rapporte, et al-Hâkim le confirme, quOm Salma a dit: Jai entendu le Messager de Dieu dire: "Celui qui injurie Alî, minjurie aussi".

17- Said Ibn al-Mussyyab rapporte que Omar Ibn al-Khattâb avait lhabitude dimplorer Dieu de le préserver dune situation difficile dans laquelle le père dal-Hassan (Alî) naurait pas été présent pour la résoudre, et quil dit un jour: "Personne parmi les Compagnons, à part Alî, navait lhabitude de dire "Interrogez-moi"".

18- Al-Tabarânî rapporte dans "Al-Awsat" quIbn Abbâs a dit: "Alî possédait dix-huit qualités éminentes qui nétaient communes à aucun autre de ce peuple".

19- Al-Bazzâr rapporte en citant Sad, que le Messager de Dieu a dit à Alî: "Il nest permis à personne ayant lobligation daccomplir lablution totale dentrer dans la mosquée, excepté moi et toi".

20- Abû Yalâ rapporte quAbû Horayrah a relaté que Omar Ibn al-Khattâb avait dit: "Alî a été doté de trois choses dont si je ne possédais quune seule, elle me serait plus précieuse que si on mavait donné des chameaux de haute race". Lorsquon lui demanda quelles étaient ces trois choses, il répondit: "Son mariage avec Fâtimah, la fille du Prophète, son autorisation de rester à la mosquée dans le cas où cela me lest interdit, et le fait davoir porté lEtendard le jour de Khaybar".

21- Les deux Cheikhs (A. Bokhârî et Muslim), se référant à Sad Ibn Abî Waqqâç, rapportent que le Messager de Dieu, ayant décidé de laisser derrière lui Alî Ibn Abî Tâlib comme son Lieutenant pendant lexpédition de Tabûk, Alî lui dit: "? Messager de Dieu! Me laisses-tu derrière, parmi les femmes et les enfants?". Le Prophète répondit: "Nes-tu pas content dêtre à moi ce quAaron avait été à Moïse, à cette différence près quil ny aura pas de Prophète après moi?"

22- Selon Sahl Ibn Sad, le Messager de Dieu dit, le jour de Khaybar: "Je confierai sûrement lEtendard, demain, à un homme entre les mains duquel le Seigneur accordera la victoire, un homme qui aime Dieu et Son Prophète et que Dieu et Son Prophète aiment". Les gens passèrent la nuit à sinterroger sur lidentité de celui dentre eux à qui lEtendard serait confié. Une fois que laube se fut levée, ils se hâtèrent chez le Prophète, chacun deux espérant être lheureux élu. "Où est Alî le fils dAbû Tâlib?" demanda-t-il. Ils lui dirent: "Il souffre dun mal aux yeux". Il dit: "Faites-le venir". Ils lamenèrent et le Messager de Dieu projeta un peu de sa salive sur ses yeux et pria pour lui. Alî fut rétabli parfaitement, comme sil ne souffrait de rien, et le Prophète lui remit lEtendard.

23- Citant Sad Ibn Abî Waqqâç, Muslim relate que lorsque le verset: "Venez! Appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, etc..." (Sourate ?le Imran, verset 61) fut révélé, le Messager de Dieu convoqua Alî, Fâtimah, al-Hassan et al-Hussayn et dit: "? Mon Dieu! ils sont ma Famille".

24- Al-Tirmithî et al-Hâkim confirment, en se référant à Borayda, que le Messager de Dieu dit: "Le Seigneur ma ordonné lamour de quatre hommes et ma déclaré quIL les aime". On lui demanda: "? Messager de Dieu! Nomme-les". Il répondit: "Alî en fait partie (il le répéta trois fois), Abû Thârr, al-Miqdâd et Salmân".

25- Abû Noaym rapporte dans "Al-Dalâil", en se référant au père de Jafar Ibn Mohammad que: "Deux hommes ayant eu une altercation, furent amenés devant Alî qui sassit au pied dun mur". Un homme lui ayant dit: "Le mur va tomber", il répondit: "Va au ... Dieu est le Protecteur". Il jugea entre les deux parties et sen alla. Le mur tomba après son départ.

26- Al-Tabarânî rapporte dans "Awsat", et Abû Noaym dans "Al-Dalâil", en citant Zaydan, que pendant que Alî relatait un hadith, un homme laccusa de parler faussement. Alî lui dit: "Pourrais-je appeler lanathème sur toi, si jai menti?". Il répondit: "Appelle-le". Alî le maudit, et lorsquil se retira de lendroit sa vue lavait quitté.

27- Abûl-Qâcim al-Zajjâjî relate dans ses "Dictées" que Alî travailla sur les principes de la langue arabe, "La Grammaire de la Langue Arabe".

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3
Notes
Quelques aspects révélateurs de la personnalité et du Califat de LIMAM ALI Notes
1. 1. "Kachf al-Ghummah" dal-Arbalî, Tom. 1

2. 2. "Mustadrak al-Hâkim", Tom. 3, p. 483

3. 3. "Al-Fuçûl al-Mohimmah" dIbn al-Sabbâgh, Chap.1, p.14; "Charh Nahj al-Balâghah" dIbn Abî al-Hadîd, p. 151

4. 4. "Nahj al-Balâghah", mise en chapitres par Cheikh Subhî al-Sâlih, première édition, 1967, p. 300

5. 5. Sourate al-Choarâ, 26: 26.

6. 6. "Tarîkh al-Tabarî", Tom. 2, p. 62, édition de 1357 H.; "Kanz al-Ommâl", Tom. 6, p. 392, édition de 1312 H., cités par "Fadhâil al-Khamsah min al-Sihâh al-Sittah", Tom. 22, p. 19 et suivantes. Voir également: "Al-Kâmil" dIbn al-Athîr", Tom. 2, p. 22;

7. 7. Sourate Tâ Hâ, 20: 29-36.

8. 8. Voir "Sahîh Ibn Mâjah", p. 12.

9. 9. "Musnad Ahmad Ibn Hanbal", Tom. 4, p. 281 (Ahmad Ibn Hanbal souligna que ce Hadîth avait été relaté par 33 Compagnons. Le même Hadîth est rapporté par al-Nasâî dans "Khaçâiç Alî Ibn Abî Tâlib", par Al-Tirmithî, al-Tabarânî, "Kanz al- Ommâl", "Mustadrak al-Sahîhayn" et bien dautres.

10. 10. Saqîfah: une sorte de tente qui tenait lieu de la maison des Bani Sâidah. Cest là que des Compagnons se sont réunis pour désigner un successeur au Prophète.

11. 11. "Sîrat al-Raçûl" dIbn Hichâm: II, 108.

12. 12. Les Partisans: les Ansar, cest-à-dire les partisans médinois qui ont accueilli dans leur ville (Médine) le Prophète et lont soutenu lorsquil était contraint de quitter la Mecque.

13. 13. Les Emigrés: les Muhâjirlne, ceux qui ont émigré avec le Prophète à Médine pour échapper aux persécutions que leur infligeaient leurs concitoyens mecquois (de la Mecque).

14. 14. Al-bayah: prestation de serment dallégeance à quelquun, en vue de le désigner ou de laccepter comme calife. Il sagit ici de la désignation dAbû Bakr au Califat.

15. 15. Voir:

- "Al-Tabarî", V, 31

- "Al-Kâmil" dIbn al-Athîr, III, 31

16. 16. Voir: "Les Conflits et les Rivalités entre les Omayyades et les Hâchimites", de Maqrizi, annoté par Nouss, p. 48.

17. 17. "Al-Mulk wal Nahl" dal-Shahristani.

18. 18. "Ibn Abî al-Hadîd", VIII, III

19. 19. "Tarîkh al-Yaqoubî", II, 107

20. 20. Concertation, Consultation.

21. 21. "Al-Kâmil" dIbn al-Athîr.

22. 22. "Othmân" de Tâhâ Hussain.

23. 23. "Nahj al-Balâghah", Dâr al-Andalous, Tom. I, p. 151.

24. 25. Sorte dimpôt islamique sur la terre.

25. 26 "Daïrat al-Maarif al-Islamiyya al-Shiiya" (Le Cercle dEtudes islamiques Shî ites), tome II, p. 87.

26. 27 La Sunna: la tradition, les faits, les gestes et les paroles du Prophète, qui tiennent lieu de prescriptions religieuses.

27. 28. "Dâïral al-Maârif...", op. cit.

28. 1. Pour plus de détails, voir "La Révolution dal-Hussain", Muhammad Mahdi Chams al-Dine, p. 35-38

29. 2. "Nahj al-Balâghah", Tom. I. p. 217.

30. 29. "Nahj al-Balâghah", Tom. I, p. 217.

31. 30. "Nahj al-Balâghah", Tom. I, p. 59, et "Lexplication de Nahj al-Balâghah", Tom. I, pp. 269-270.

32. 31. Cest-à-dire, père dal-Hassan.

33. 32. "LExplication de Najh al-Balâghah", Tom. VII, pp. 37-40.

34. 33. Idem.

35. 34. "Nahj al-Balâghah".

36. 35. "Les Régimes Islamiques: leur naissance et leur évolution", Dr. Subhi al-Salih, p. 91.

37. 36. "La Droite et la Gauche en Islam", par Ahmad Abbas Salih, pp. 118-119.

38. 37. "Daïrat al-Maârif al-Islamiya al-Shiiya", rapporté du livre de Mahmoud Abbas al-Aqqad, p. 84.

39. 38. Le cousin de lImâm Alî.

40. 39. "LEtat Arabe jusquà la Fin de lEtat Omayyade", Wellhausen, traduit par Muhammad Abdul-Hadi Abu Riyad, p. 158.

41. 40. Ceux qui se sont révoltés contre Othmân.

42. 41. "Dâïrat al-Maârif al-Islamiya al-Shiiya", cité par al-Aqqad, op. cit., p. 84

43. 42. LImâm Alî et Muawiya.

44. 43. Nous ne pouvons que nous étonner et nous attrister devant ces allégations qui se veulent scientifiques et objectives en faisant croire que ce conflit constitue lune des étapes de lédification de lEtat et que Muawiya était un homme dEtat, un bon politicien ingénieux qui a suivi une politique réaliste habile face à des politiques utopiques adoptées par ses adversaires, les défenseurs de la justice sociale et de la dignité humaine. Car il ne faut pas oublier que lEtat Omayyade na pas vécu longtemps. Il na pas tardé à sécrouler sous les coups des révoltés.

45. 44. "les libérés": ce sont les polythéistes de Quraych, capturés à la suite de la Conquête de la Mecque et qui furent graciés et libérés par le Prophète.

46. 45. "La Droite et la Gauche en Islam", par Ahmad Abbas Salih, p. 30.

47. 46. Idem, p. 138.

48. 47. Idem, p. 142.

49. 48. Voir: "Le Domaine administratif".

50. 49. "La Révolution dal-Hussain", Muhammad Mahdi Chams al-Dine, p. 46.

51. 50. "La Protestation" ("Al-ihtijaj"), par al-Tabari.

52. 51. "Les Artisans de lHistoire Arabe", Dr. Philippe Hatti.

53. 52. "LEtat Arabe, sa chute", Wellhausen et al-Tabari, Tom. V, p. 331.

54. 53. Perception ou compréhension immédiate et par les sens; ce qui est perçu immédiatement, ce qui est tangible.

55. 54. Qui se préoccupe des exigences du Message islamique.

56. 55. "Des Notions Islamiques Générales", 5e cycle, Sayyed Muhammed Hussain Fadhlallah, p. 43.

57. 56. "La Gauche et la Droite en Islam", op. cit., p. 116.

58. 57. "Daïrat al-Maârif ...", op. cit., p. 97.

59. 58. Lannée de la réunion (de la réconciliation entre lImâm al-Hassan et Muawiya).

60. 59. "Ayân al-Shia", Tom. IV, p. 26. Voir aussi: Ibn Abî Hadid.

61. 60. Idem.

62. 61. "Les artisans de lHistoire Arabe", op. cit., p. 65.

63. 62. "LExplication de Nahj al-Balâghah", Ibn Abi Hadid, Tom. X, p. 67.

64. 63. Jihad: lutte missionnaire.

65. "Lexplication de Nahj al-Balâghah", Ibn Abî Hadid, Tom. X, p. 67

66. 65. Idem ibid., Tom. II, p. 189.

67. 66. Idem ibid., Tom. I, p. 332.

68. 67. Lappel à lIslam lancé par le Prophète(P).

69. 68. "Nahj al-Balâghah", Tom. I, p. 59 et "LExplication de Nahj al-Balâghah", pp. 269-270.

70. 69. Terme islamique signifiant effort personnel (dun savant en matière de fiqh) en vue dinterpréter les lois religieuses.

71. 70. "Al-Manâqib" dIbn al-Maghâzilî: 243; " Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 4/410; "Al-Jâmi " dal-Suyûtî: 2/154; "Yanâbî al-Mawaddah".

72. 71. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 2/385; "Sunan al-Bayhaqî": 3/276; "Al- Manâqib" dIbn al-Maghâzilî: 197; "Al-Tabarî": 2/514; "Al-Riyâdh al-Nadhirah":

2/190. 73. 72. "Kanz al-Ommâl": 6/122; "Al-Tabrî": 2/201; "Al-Khawârizmî": 250; "Al-Fadhâil" dAhmad: 253, "Ibn al-Maghâzilî": 42, 200; "Al-Khaçâiç" dal-Nasâî: 13; "Mustadrak al-?ahîhayn" dal-Hâkimal-Nîsâpûrî: 3/125; "Al-Bayhaqî": 7/65; "Yanâbî al-Mawaddah": 282; "Musnad Ahmad": 4/369; "Ibn al-Maghâzilî": 254.

74. 73. "Kanz al-Ommâl": 5/95; "Al-Tarmathî": 13/173.

75. 74. "Al-Manâqib" dAhmad: 194, 239; "Kanz al-Ommâl": 5/31; "Al-Jâmi" dal-Suyçutî: 2/83; "Ibn al-Maghâzilî": 245; "Yanâbî al-Mawaddah": 126.

76. 75. "Musnad Ahmad": 5/94; "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 3/128; "Kanz al-Ommâl": 6/217; "Al-Tabarânî".

77. 76. "Al-Fadhâil" dAhmad: 253; "Ibn al-Maghâzilî": 67; "Al-Khawârizmî": 83; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/201.

78. 77. "Kanz al-Ommâl": 6/158; "Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 11/173; "Chawâhid al-Tanzîl": 2/223; "Yanâbî al-Mawaddah": 94.

79. 78. "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/201; "Al-Fadhâil" dAhmad: 253; "Ibn al-Maghâzilî": 67; "Akhta Khawârizm": 83.

80. 79. "Al-Tarmithî": 13/178; "Ibn al-Maghâzilî": 122; "Osod al-Ghâbah: 4/26; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/216.

81. 80. "Manâqibal-Imâm Alî Ibn Abî Tâlib (p)" dIbn al-Maghâzilî al-Châfiî

82. 81. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 3/109; "Musnad Ahmad": 4/368, 5/419; "Al-Khaçâiç" dal-Nasâî: 9, 24; "Ibn al-Maghâzilî": 16; "Al-Manâqib" dAkh-tab Khawârizm: 94; "Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 8/290; "Kanz al-Ommâl": 6/390; "Yanâbî al-Mawaddah".

83. 82. "Ibn al-Maghâzilî": 70; "Arjah al-Matâlib": 544.

84. 83. "Musnad Ahmad": 1/151, 3/213; "Al-Tarmathî": 2/135; "Al-Khaçâiç" dal-Nasâî: 20; "Kanz al-Ommâl": 1/247; "Ibn al-Maghâzilî": 222.

85. 84. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 2/241; "Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 6/58; "Akhtab Khawârizm": 86; "Ibn al-Maghâzilî": 90.

86. 85. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/109; "Kanz al-Ommâl": 6/157; "Al-Daylamî".

87. 86. "Hulyat al-Awliyâ": 1/341; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/177; "Ibn al-Maghâzilî": 242; "Al-Khawârizmî": 42; "Yanâbî alMawaddah": 112.

88. 87. "Al-Jâmi" dal-Suyûtî: 1/230; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/168; "Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 1/316; "Ibn al-Maghâzilî": 49; "Yanâbî

al-Mawaddah": 266. 89. 88. "Kanz al-Ommâl": 6/154; "Al-Tabarânî": 5/32; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 1/165; "Thakhâir al-Oqbâ": 65; "Ibn al-Maghâzilî": 230.

90. 89. "Ibn al-Maghâzilî": 15; "Al-Istîâb": 2/457.

91. 90. "Ibn al-Maghâzilî": 119, 242; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/177; "Yanâbî al-Mawaddah": 112, 419; "Al-Khawârizmî": 253.

92. 91. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/141; "Musnad Ahmad": 4/263; "Al-Khaçâiç" dAl-Nasâî: 39; "Al-Tabarî": 2/408; "Kanz al-Ommâl": 5/58.

93. 92. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/109; "Musnad Ahmad": 4/370; "Al-Khaçâiç" dal-Nasâî: 25; "Al-Tarmathçi"; "Al-Tabarânî".

94. 93. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 3/132; "Musnad Ahmad": 1/331; "Yanâbî al-Mawaddah".

95. 94. "Al-Bohayqî": 4/53; "Kanz al-Ommâl": 7/176; "Al-Jâmi" dal-Suyûtî: 2/276; "Ibn al-Maghâzilî": 93.

96. 95. "Mustadrak al-Sahihayn" dal-Nîsâpûrî: 3/14; "Al-Tabarî ": 2/272; "Al-Tarmathî ": 2/9; "Ibn al-Maghâzelî": 37; "Yanâbî al-Mawaddah": 57.

97. 96. "Al-Khaçâiç" dAl-Nasâî: 5; "Al-Tarmathî"; "Yanâbî al-Mawaddah": 61; "Ibn al-Maghâzelî".

98. 97. "Ibn al-Maghâzelî": 129; "Yanâbî al-Mawaddah": 233; "Tarîkh Baghdâd " dAl-Khatîb al-Baghdâdî: 5/37; "Al-Khawârizmî": 235.

99. 98. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/122; "Kanz al-Ommâl": 6/156; "Al-Daylamî"

100. 99. "Kanz al-Ommâl": 6/153; "Al-Dârqotnî".

101. 100. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/129; "Kanz al-Ommâl": 6/153.

102. 101. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/137; "Ibn al-Maghâzilî": 65, 104; "Hulyat al-Awliyâ": 1/63; "Akh-tab Khawârizm": 229.

103. 102. "Sahîh Muslim": 2/361; "Al-Tarmathî": 2/299; "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/130; "Musnad Ahmad": 3/198; "Al-Nasâî"; "Osod al-Ghâbah": 3/40.

104. 103. "Al-Bokhârî ": 5/19; "Muslim": 2/360; "Al-Tarmathî": 5/304; "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/109; "Ibn Mâjah": 1/28; "Musnad Ahmad": 3/338.

105. 104. "Ibn al-Maghâzilî": 47; "Mîzân al-Itidâl" 2/313.

106. 105. "Tafsîr al-Tabarî": 3/171; "Chawâwhid al-Tanzîl": 2/356; "Al-Dor al-Manthûr": 6/379; "Yanâbî al-Mawddah": 61.

107. 106. "Ibn al-Maghâzilî": 67; "Al-Khawârizmî": 236; "Farâid al-Samtayn"; "Yanâbî al-Mawaddah".

108. 107. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/127; "Kanz al-Ommâl": 5/30; "Al-Jâmi" dal-Suyûtî: 1/374; "Al-Tarmithî"; "Ibn al-Maghâzilî": 80.

109. 108. "Sahîh Muslim": 1/48; " Al-Tarmithî": 2/299; "Al-Nasâî": 8/117; "Al-Khaçâiç" dal-Nasâî: 27; "Musnad Ahmad": 6/292; "Ibn al-Maghâzilî": 191.

110. 109. "Yanâbîal-Mawaddah": 88; "Farâid al-Samtayn"; "Rabî al-Abrâr"; "Mawaffaq Ibn Ahmad al-Khawârizmî".

111. 110. "Ibn al-Maghâzilî": 45; "Yanâbî al-Mawaddah": 181.

112. 111. "Ibn al-Maghâzilî": 69; "Yanâbî al-Mawaddah": 125.

113. 112. "Kanz al-Ommâl": 5/33; "Al-Riyâdh al-Nadhirah" 2/211; "Ibn al-Maghâzilî": 219; "Al-Bayhaqî".

114. 113. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/123; "Kanz al-Ommâl": 6/156; "Al-Tabarânî"; "Ibn al-Maghâzilî": 240, 278; "Al-Khawârizmî": 62.

115. 114. "Al-Tbarânî"; "Yanâbî al-Mawaddah": 2/3.

116. 115. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/122; "Musnad Ahmad": 3/82; "Al-Tabarânî": 6/55; "Kanz al-Ommâl"; "Al-Bayhaqî".

117. 116. "Mustadrak al-Sahîhayn" dal-Hâkim al- Nîsâpûrî: 3/141; "Al-Jâmi" dAl-Suyûtî: 1/583; "Tarîkh Baghdâd" dal-Khatîb al-Baghdâdî: 2/51; "Hulyat al-Awliyâ": 2/182; "Al-Riyâdh al-Nadhirah": 2/219.

118. 117. Rapporté par Ibn Masûd, cité par "Kanz al- Ommâl": 6/217.

119. 118. Rapporté par Ibn Masûd, cité par "Al-Sawâiq al-Mohriqah", p.74.

120. 119. Rapporté par Ibn Masûd, cité par "Tarîkh Baghdâd": 13/32.

121. 120. Rapporté par Ibn Masûd, cité par "Hulyat al-Awliyâ": 1/65.

122. 121. Rapporté par Ibn Masûd, cité dans "Hulyat al-Awliyâ": 5/59; "Tarîkh Baghdâd": 4/128.

123. 122. "Kanz al-Ommâl": 6/319.

124. 123. "Majma al-Zawâid": 9/222.

125. 124. M. N.: 2/241.

126. 125. "Sahîh al-Tarmathî": 2/308.

127. 126. "Mustadrak al-Sahîhayn": 3/127.

128. 127. "Tarîkh Baghdâd": 2/377.

129. 128. "Al-Dor al-Manthûr" dal-Suyûtî, Tafsîr Sourate al-Bayyinah.

130. 129. "Majma al-Zawâid": 9/367.

131. 130. M. N.: 113.

132. 131. M. N.: 7/110

133. 132. "Tabaqât Ibn Sad": 2/50.

134. 133. "Mustadrak al-Sahîhayn": 3/38.

135. 134. "Tarîkh Baghdâd": 11/304.

136. 135. Le Prophète (P) appelait les deux fils de lImâm Alî (p), al-Hassan et al-Hussayn: mes deux bouquets. (Ndt)

137. 136. "Hulyat al-Awliyâ": 3/201.

138. 137. "Majma al-Zawâid": 9/172.
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