ALI IBN ABI TALIB LE QUATRIEME CALIFE

2021.08.31 - 08:55
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réflexions concernant lelection dun calife à la place de `othmân ALI IBN ABI TALIB LE QUATRIEME CALIFE

ALI IBN ABI TALIB LE QUATRIEME CALIFE
Hssan Amdouni
réflexions concernant lelection dun calife à la place de `othmân
après la mort de `othmân, la terreur régna dans la ville et les régicides en devinrent les ma1"tres en labsence de tout gouvernement. les citoyens, constatant létat tumultueux de la populace en révolte, et craignant une guerre civile, réclamèrent lélection immédiate dun calife. lattitude menaçante de ceux qui étaient venus de différentes parties de lempire, cest-à-dire degypte, de syrie, de mésopotamie et de perse à cette occasion, avait de quoi alarmer beaucoup de gens, car ils avaient décidé de ne pas se disperser avant de savoir qui serait leur souverain.

il y avait deux candidats, talha et zubayr (tous deux, frères de lait de `Aicha), qui aspiraient au califat en sappuyant sur le soutien puissant de `Aicha, mais malheureusement pour eux, elle nétait pas présente à médine à ce moment-là, puisquelle se trouvait à la mecque, comme nous lavons déjà noté. talhah - qui avait pris une part active dans lincitation des assiégeants de la maison de `othmân à précipiter le cours des choses - et son associé, zubayr, étaient appuyés dans leur candidature par quelques gens de basrah et de kûfa, mais la majorité du peuple de médine, qui prétendait jouir du droit exclusif délire un calife, sétait choisi un troisième homme plus digne de ce poste. cétait un homme admiré aussi bien par ses amis que par ses ennemis, pour son courage, son éloquence, sa magnanimité, sa piété, sa noblesse et sa proche parenté avec le prophète.

il sagissait évidemment de `alî, le cousin germain du prophète, et le père de la postérité du prophète, par sa fille bien-aimée, fâtimah. i1 était considéré comme le prétendant naturel au califat, et les gens, désireux à présent dêtre gouvernés par lhéritier du prophète, voulaient voir `alî élevé à sa légitime dignité. talhah et zubayr, alerté par latmosphère générale favorable à `alî, se tinrent tranquilles, et pensèrent quil était plus prudent de dissimuler leurs sentiments au point daccepter de prêter serment dallégeance à `alî lorsquil fut élu, avec la ferme intention dabjurer dès quune occasion favorable se présenterait à eux.

lelection de `alî
donc plusieurs notables de la ville de médine se rendirent chez `alî et lui demandèrent daccepter de gouverner. en réponse, il leur affirma quil navait pas dattirance pour le pouvoir temporel, et quil prêterait volontiers dallégeance à quiconque ils éliraient. mais les médinois insistèrent sur le fait quil ny avait aucune autre personne aussi qualifiée que lui pour ce poste. cependant `alî resta, malgré toute leur insistance, ferme dans son refus, et dit quil aimerait mieux servir un autre comme conseiller que de se charger du gouvernement lui-même. les insurgés, soucieux de remettre la ville dans son état normal après lavoir réduite eux-mêmes au présent état de désordre, étaient les plus ennuyés par la difficulté du choix dun calife. aussi insistèrent-ils pour que, avant leur départ, les citoyens de médine qui prétendaient jouir du droit exclusif de choisir le futur calife, procèdent à son élection en un jour, car elles étaient les seules personnes qualifiées pour régler la controverse, en précisant que si ce choix nétait pas fait dans le délai imparti, ils (les insurgés) passeraient par les armes les notables de la ville. alarmés par cet ultimatum, les gens revinrent chez `alî le soir même et lui expliquèrent la situation, le suppliant de reconsidérer sa position et les menaces qui pesaient sur la religion. cédant finalement à leur argumentation pathétique, `alî accepta leur requête, bien quavec réticence, en leur disant : "si vous mexcusez et élisez un autre que vous jugeriez plus digne que moi dêtre élu, je me soumettrai à votre choix et je prêterai allégeance à votre élu.

si non, et si je dois me conformer à votre désir et accepter votre offre, je vous dis franchement dès le début que je conduirai ladministration dune façon totalement indépendante et que je traiterai tout selon le livre sacré du seigneur et mon jugement". ils acceptèrent sans hésitation ces conditions et sapprêtèrent à lui serrer la main en guise de prestation de serment dallégeance, mais il refusa de faire quoi que ce soit, si ce nétait en public, afin que personne ne puisse murmurer. en fait "`alî craignait les intrigues de `Aicha, talhah, zubayr et de toute la famille omayyade (dont le chef était mu`âwiyeh, le lieutenant de `othmân en syrie) dont il savait quils saisiraient toutes les occasions pour sopposer à son gouvernement"

linauguration du califat de `alî
le lendemain matin (le quatrième jour après lassassinat de `othmân), les gens se rassemblèrent en grand nombre dans la grande mosquée où `alî apparût habillé dune simple robe de coton et coiffé dun rude turban autour de la tête, et portant dans sa main droite un arc et dans sa main gauche des pantoufles quil avait 6tées par respect pour le lieu. talhah et zubayr nétant pas présents, il demanda quon les fasse venir.

lorsquils arrivèrent, ils lui tendirent leurs mains en signe dapprobation de son élection au califat. mais `alî se garda de répondre à leur geste et leur dit que sils étaient sincères dans leur cœur, ils devaient lui faire serment dallégeance en bonne et due forme, leur assurant quen même temps, si lun dentre eux acceptait le califat, il était, quant à lui, tout à fait disposé à lui prêter serment dallégeance en toute sincérité et quil serait plus heureux de le servir en tant que conseiller que de gouverner lui-même. tous les deux déclinèrent cette offre, et pour exprimer leur satisfaction de son accession au califat, ils avancèrent leurs mains pour lui rendre hommage. le bras de talhah avait été estropié à la suite dune blessure survenue lors de la bataille dohod. aussi ne pouvait-il le tendre quavec difficulté. et étant le premier à commencer la cérémonie dhommage, lassistance considéra son attitude comme une mauvaise augure et un assistant fit cette remarque : "i1 est probable que ce sera une piètre affaire que celle qui commence par une main estropiée". la suite des événements donnera raison au présage.

lassistance prêta ensuite serment dallégeance à `alî, et son exemple fut suivi par tout le peuple. aucun des omayyades ni des proches partisans de `othmân ne se présenta. `alî, pour sa part, ne pressa personne de venir lui prêter serment dallégeance. il y avait aussi certains notables de médine qui restèrent à lécart, ne voulant pas rendre hommage à `alî. i1 sagissait (selon al-mas`tidî) de sa`d ibn abî waqqâç, maslamah ibn khâlid, al-moghîrah ibn cho`bah, qidâmah b. matzun, wahbân ibn sayfi abdullâh b. salmân, hasan ibn thâbit, kab ibn mâlik, abti sa îd khudrî, mohammad ibn maslamah, et `abdullâh ibn `omar, fidhalah ibn `abîd, ka`b ibn ajza. habib al-sayyâr ajoute à cette liste : "zayd ibn thâbit, osma ibn zayd abu mousâ al-achari zayd b. râfi, salma ibn salma, sohayb ibn sinân, no`mân ibn bachîr et al-tabari y ajoute : râfi` ibn khadij. ces gens furent surnommés les mo`tazilah.

les insurgés, ayant rendu hommage à `alî, retournèrent chez eux.
les cris de vengeance pour lassassinat de `othmân
après linauguration du califat de `alî, talhah et zubayr, accompagnés de plusieurs autres, vinrent voir `alî et lui demandèrent que le meurtre de `othmân soit absolument vengé, offrant leurs services pour atteindre ce but. `alî savait parfaitement que le crime avait été perpétré devant leurs yeux et que leur cri de vengeance nétait destiné quà provoquer des troubles en excitant la foule des ennemis. il leur expliqua donc que lévénement avait ses fondements dans de vieilles dissensions, quil y avait plusieurs parties dont les opinions divergeaient sur ce point, que ce nétait pas encore le moment de susciter une guerre civile, que le mécontentement était à linstigation du diable qui, une fois maître du terrain, ne le lâcherait pas facilement, et que toutes les mesures quils suggéraient de prendre nétaient autres que la propre proposition du diable en vue dencourager lagitation et les troubles. i1 les informa toutefois quil avait déjà convoqué marwân, le secrétaire de `othmân, et nâilah la femme de ce demier (qui étaient tous deux tout le temps dans la même maison avec le calife assassiné) afin de les interroger sur les vrais coupables qui avaient perpétré le meurtre. marwân était réticent, alors que nâilah dit que les meurtriers étaient au nombre de deux, mais elle ne put ni nommer ni identifier aucun deux. `alî ajouta à ladresse des partisans de la vengeance que plusieurs personnes étaient suspectées dêtre impliquées dans le crime, mais quil ny avait pas de preuves formelles contre elles. dans ces conditions, jura-t-il, à moins que toutes les parties sunissent, si dieu le voulait, il était difficile de faire des pas concluants. i1 demanda aux visiteurs quelle méthode daction ils proposaient pour atteindre le but. ils répondirent quils nen connaissaient aucune.

puis, il dit : "si vous parvenez à désigner un jour les assassins de `othmân, je ne manquerai pas de faire valoir la majesté de la loi divine en leur faisant payer ce quils doivent". ils restèrent silencieux. ainsi, leur proposition insidieuse ayant été déjouée, ils repartirent. en même temps, averti par le départ soudain des familles omayyades, `alî commença à sassurer la bonne volonté des quraych et des ançâr en leur montrant sa haute appréciation de leurs mérites, car il voulait avoir autant dalliés que possible pour faire face aux difficultés quil craignait de la part des omayyades.

les réformes envisagées par ali
laffaire suivante, qui fit lobjet de lattention particulière du nouveau calife, était la révocation des impies qui gouvernaient les différentes provinces avec une telle tyrannie que les gens avaient été acculés au désespoir, ce qui avait coûté la vie à `othmân. beaucoup dabus avaient été commis durant le règne de ce dernier, ce qui commandait une action immédiate, dautant plus nécessaire que la plupart des gouvernements de provinces se trouvaient toujours entre les mains de personnes au passé douteux et à la foi suspecte. déterminé à opérer une réforme radicale, `alî décida de déposer mu`âwiyeh et les autres gouverneurs qui avaient été nommés par son prédécesseur. `abdullâh ibn `abbâs, qui venait de rentrer de son pèlerinage à la mecque, sopposa fermement à cette mesure, et notamment à celle de la déposition de mu`âwiyeh, et conseilla à `alî dajourner lexécution de cette réforme pendant un certain temps, au moins jusquà ce quil se trouvât solidement établi sans son autorité. i1 argua : "si tu déposes mu`âwiyeh, les syriens, solidement attachés à lui pour sa munificence, se révolteront contre toi tous ensemble, ne te reconnaîtront pas comme calife, et pis, taccuseront du meurtre de `othmân. il serait donc plus sage de le laisser continuer dans ses fonctions jusquà ce quil se soumette à ton autorité, et une fois cela fait, il te sera facile de le faire sourir par les oreilles de chez lui quand tu le voudras". "en outre, rappela-t-il à `alî, talhah et zubayr ne sont pas des hommes sur qui on peut compter, et jai de bonnes raisons de les soupçonner de porter les armes contre toi très bient8t et de se joindre peut-être à mu`âwiyeh". "mais, protesta `alî, la loi divine nautorise pas les tromperies astucieuses. je dois suivre strictement les principes authentiques de la religion, et cest pourquoi je ne dois pas permettre à une impie de rester à ce poste. mu`âwiyeh naura rien dautre que lépée de ma part. je ne peux le garder même pas un seul jour". "bon ! continua-t-il. je te nomme, ?

ibn `abbâs". "cela est pratiquement impossible", sécria ce dernier. "mu`âwiyeh ne me laisserait pas en vie, à cause de ma parenté avec toi." quand les réformes avancèrent, talhah et zubayr vinrent voir `alî et posèrent leurs candidatures pour être nommés respectivement gouverneurs de kûfa et de basrah. mais `alî refusa poliment en faisant observer que dans les circonstances présentes, et critiques, il avait besoin de bons conseillers comme eux à ses c6tés.

ayant choisi ses hommes pour le gouvernement des différentes provinces, `alî les envoya à leurs destinations respectives au mois de moharram 36 a.h. pour remplacer les gouverneurs destitués. ainsi, il envoya : l. `obaydullâh ibn `abbâs au yémen; 2. qays ibn sa`d ibn `obâdah en egypte; 3. quthâm ibn `abbâs à la mecque; 4. samâhah ibn `abbâs à tihâmah; 5. `awn ibn `abbâs à yamânah; 6. `othmân ibn honayf à basrah; 7. ammara ibn chahab à kûfa; 8. sa`îd ibn `abbâs à bahrein; 9. sahl ibn honayf en syrie.

`obaydullâh arriva au yémen et saperçut que ya`lâ, son prédécesseur, avait transfér vers la mecque tout le trésor, évalué à environ soixante mille dinars, quil céda à `Aicha avec six cents chameaux dont lun était une rareté, un animal de grande taille et de bonne race, évalué à deux cents pièces dor. il sappelait al-`askar et fut spécialement offert pour lusage personnel de `Aicha. `obaydullâh prit toutefois ses fonctions de gouverneur du yémen.

qays ibn sa`d, lorsquil sapprochait de legypte, fut accueilli par la résistance du parti de `othmân, dans la garnison frontalière, mais il réussit à gagner le siège de son gouvernement en feignant devant les opposants dêtre attaché à la cause de `othmân. son prédécesseur, `abdullâh ibn abî sarh, ayant acquis la certitude de sa proche révocation, avait déjà pris le chemin de la syrie afin de se réfugier chez mu`âwiyeh comme lavaient fait la plupart des omayyades depuis laccession de `alî au califat.

`othmân ibn honayf, qui était allé à basrah, y entra sans opposition, mais ibn `Amir, son prédécesseur, était déjà parti avec tout le trésor pour rejoindre talhah et zubayr. `othmân occupa son poste, mais il constata que la désaffection pour `alî sévissait chez un grand nombre de gens. `ammârah, rencontra sur sa route vers kûfa, à un relais appelé zabala, tulayhah et qa`qa` qui lui conseillèrent de retourner à médine étant donné, lui affirmèrent-ils, que les kûftes étaient résolus à ne pas se séparer dabû mûsâ al-ach`arî qui avait été nommé selon leur propre choix par le dernier calife. ils lavertirent que sil tentait dentrer à kûfa, il aurait à faire face à une forte hostiiité. `ammârah rebroussa chemin vers médine et fît un rapport sur ce qui sétait passé au calife.

lorsque sahl, le nouveau gouverneur de syrie, arriva à tabûk, il rencontra un groupe de cavaliers qui lui dirent que le peuple syrien réclamait vengeance pour `othmân et quil nétait pas prêt à accueillir un homme nommé par `alî qû il navait pas reconnu comme calife. nétant pas préparé à assurer son avance, sahl retourna à médine et relata les faits à `alî.

le plan des omayyades en vue de soulever les gens contre `alî
entre-temps, les omayyades, ne négligeant rien qui puisse servir à perturber `alî et son gouvernement, apportèrent, sur les instances dom habîbah, une veuve du prophète et la soeur de mu`âwiyeh, la chemise tachée de sang que `othmân portait lors de son assassinat, ainsi que les doigts estropiés de nâ`ilah, sa femme, à mu`âwiyeh en syrie où il les utilisa comme un instrument pour susciter lesprit de vengeance chez les gens. `amr ibn al-`âç, le conseiller spirituel de mu`âwiyeh, dit à ce dernier : "montre à lânesse son ânon, elle remuera ses entrailles", et mu`âwiyeh, sexécuta en suspendant ladite chemise, sur laquelle on avait attaché les doigts estropiés de nâilah, sur la chaire de la mosquée de damas. parfois ces reliques étaient transportées au campement de larmée. ces objets, exposés quotidiennement aux regards, exaspéraient les syriens qui pleuraient tellement que leurs joues et leurs barbes étaient mouillées par leurs larmes et quils jurèrent de tirer vengeance des assassins de `othmân.

le défi de mu`âwiyeh à lautorité de `alî
lorsque sahl retourna à médine, `alî demanda à talhah et zubayr de rendre compte de létendue de la division des partis, division contre laquelle il les avait mis en garde. ils répondirent que sils étaient autorisés de sortir de médine, ils accepteraient dêtre comptables de la perpétuation des troubles. `alî leur dit que la sédition est comme le feu, plus il brûle, plus il sintensifie et brille, et que toutefois, il le supporterait aussi longtemps que possible, mais que sil devenait insupportable il essaierait de léteindre. il se résolut tout dabord à écrire une lettre à mu`âwiyeh et à abû mûsâ pour leur demander de présenter leur allégeance. abû mûsâ lui répondit que lui et les ktifites, à quelques exceptions près, étaient entièrement à sa disposition, mais de la part de mu`âwiyeh aucune réponse nétait parvenue bien que plusieurs semaines se fussent écoulées. en fait, mu`âwiyeh avait retenu le messager de `alî pour être témoin de létat desprit de ses armées qui réclamaient à grands cris et impatiemment "vengeons le sang dé `othmân" et qui, étant soumises au gouverneur de syrie, nattendaient quun mot de lui pour marcher contre tous ceux quelles croyaient être responsables de lassassinat du précédent calife. après plusieurs semaines, mu`âwiyeh autorisa le messager à retourner à médine, en compagnie de son propre messager, porteur dune lettre, sur lenveloppe de laquelle il y avait la mention : "de mu`âwiyeh, dès son arrivée à médine, le messager de ce dernier accrocha la lettre en haut dun bâton de sorte que tout le monde puisse la lire dans les rues. etant ainsi prévenus de la désaffection de mu`âwiyeh pour `alî, les gens sassemblèrent en foule, soucieux de connaître le contenu du message.

cétait juste trois mois après lassassinat de `othmân que le message fut présenté à `alî, lequel en lut ladresse et, enlevant le cachet, il découvrit que lintérieur était tout blanc, ce quil considéra à juste titre comme un signe dextrême confiance. etonné par leffronterie dédaigneuse de mu`âwiyeh, il demanda au messager den expliquer lénigme. le messager, ayant obtenu lassurance quil aurait la vie sauve, répondit: "sache donc que jai laissé derrière moi en syrie soixante mille guerriers pleurant le meurtre de `othmân sous sa chemise tachée de sang, exposée à côté de la chaire de la grande mosquée de damas, tenant tous à se venger de toi pour lassassinat du calife". (selon major price, la réponse du messager à `alî fut la suivante: "cinquante mille hommes sont rassemblés autour des vêtements de `othmân. leurs joues et leurs barbes nont jamais cessé dêtre mouillées par leurs larmes, et leurs yeux nont jamais cessé de verser des larmes de sang depuis lheure de ce meurtre atroce. ils ont dégainé leurs sabres en faisant le serment solennel de ne jamais les rengainer ni de ne cesser de se lamenter avant davoir exterminé tous ceux qui ont été impliqués dans cette détestable affaire. ils ont transmis ce sentiment à leurs descendants, comme un legs solennel, et le tout premier principe que les mères inculquent à leurs enfants est celui de venger jusquau bout le sang de `othmân".

cet insolent exposé suscita la colère des compagnons du calife, à tel point que sans lintervention de `alî, ils auraient commis des actes ayant des conséquences incalculables. i1 est difficile dimaginer à quel point cette magnanimité de la part de `alî eut un effet magique sur le messager de mu`âwiyeh qui se déclara alors convaincu de son erreur et jura quil ne se séparerait plus jamais volontairement de `alî, ni ne reconnaîtrait lautorité daucun autre souverain à son détriment").

"de moi ! sétonna `alî. je fais de dieu le témoin de mon innocence dans cette affaire. ? mon dieu ! jimplore ta protection contre cette fausse accusation". puis, `alî déclara que seule lépée pourrait arbitrer entre mu`âwiyeh et lui-même, et se tournant vers ziyâd ibn handhalah, qui était assis à côté de lui, il ordonna quune expédition contre la syrie soit proclamée, ordre que ziyâd communiqua rapidement aux gens.

le départ de talhah et de zubayr
talhah et zubayr, dont le désir de quitter médine avait été deux fois contrecarré, et qui voyaient à présent comment les événements tournaient, devinrent soucieux davoir leur liberté daction et de mouvement, liberté dont ils ne pouvaient jouir tant quils restaient à médine. encore une fois ils vinrent voir `alî et lui demandèrent de les laisser partir pour la mecque sous prétexte daccomplir le pèlerinage mineur. `alî, qui avait compris leur véritable motivation, leur rappela leur déclaration faite librement lors de leur prestation de serment dallégeance le jour de linauguration de son califat, et les laissa partir en leur disant quil sattendait à des choses étranges de leur part, et que pour cette raison il insistait pour quils mettent sous serment leur sincérité.

`alî commença la préparation de lexpédition vers la syrie, en faisant appel à lassistance de toutes les provinces tout en recrutant à médine même. mais avant dengager le combat contre mu`âwiyeh, il eut à faire face à une autre rébellion sérieuse, décrite en détail ci-après.

le plan de rébellion de `Aicha
`Aicha rencontra, sur son chemin de retour de la mecque, ibn om kalab, à sarif. celui-ci linforma du meurtre de `othmân et de laccession de `alî au califat. en apprenant ces nouvelles, elle se mit à crier : "ramenez-moi à la mecque" et de répéter : "par dieu ! `othmân était innocent, je vengerai son sang !" elle fut ramenée sur-le-champ à la mecque avec sa complice hafçah, et elle commença à y propager la sédition. dans ses "annals of the early caliphate" (pp. 351-352), sir w. muir fait la relation suivante de ce que fit `Aicha concernant cet incident : "pendant le début de la période troublée de `othmân, `Aicha, dit-on, contribua à lexaspération du mécontentement du peuple à son égard. i1 est dit quelle était la complice des conspirateurs, parmi lesquels figurait son frère, mohammad fils dabû bakr, comme un des principaux chefs. quand elle apprit la nouvelle de son assassinat, sur son chemin du retour de la mecque, elle déclara quelle vengerait la mort de `othmân. "quoi ! sécria son informateur, étonné par son zèle. maintenant tu dis cela, alors que pas plus tard quhier tu incitais à le supprimer en tant quapostat ?" "oui! lui répondit-elle. car, bien quil se soit repenti de ce dont les rebelles laccusaient, ils lont tué". en réponse, son informateur récita des vers tendant à dire : "tu étais la première à fomenter le mécontentement. tu nous commandais de tuer le prince pour son apostasie, et maintenant, etc...

. en tout état de cause, on doit admettre que `Aicha était une femme jalouse, violente et intriguante, caractère qui explique pour beaucoup ce qui paraîtrait bizarre autrement." en réalité, `Aicha espérait que soit talhah soit zubayr succéderait à othmân, mais à présent ayant appris, contrairement à son espérance, lélection de `alî quelle détestait, elle était extrêmement perturbée dans son esprit et se résolut à adopter une attitude dhostilité ouverte. se déclarant vengeresse du sang de `othmân, elle persuada le grand et puissant clan des omayyades, auquel appartenait `othmân, de se joindre à sa cause. les omayyades qui résidaient encore à la mecque et ceux qui sétaient enfuis de médine lors de laccession de `alî au califat se rassemblèrent avec empressement sous son drapeau. les gouverneurs déposés de plusieurs provinces, entraînant avec eux facilement un grand nombre de mécontents, firent, eux aussi, les uns après les autres, cause commune avec elle. ya`lâ, lex-gouverneur du yémen lui fournit un moyen précieux de mener puissamment une guerre, en mettant à sa disposition le trésor quil avait emporté avec lui du yémen.

talhah et zubayr rejoignent `Aicha dans sa rébellion
cétait environ quatre mois après le meurtre de `othmân que talhah et zubayr arrivèrent à la mecque et trouvèrent que les choses avaient bien progressé. ils avaient des liens de parenté avec `Aicha dont la sœur cadette était une épouse de talhah (qui était également un cousin de son père abû bakr) et la sœur aînée une épouse de zubayr dont le fils, `abdullâh, avait été adopté par `Aicha. malgré leur serment dallégeance à `alî - serment dont ils disaient maintenant quil avait été pris sous la contrainte et quil était donc nul daprès eux ils exprimèrent leur désir dépouser la cause de `Aicha, cause qui, en cas de succès, servirait sûrement leurs intérêts. par conséquent, ils la rejoignirent et commencèrent à travailler contre `alî, déclarant aux factions de la mecque que les affaires de `alî se trouvaient dans des conditions bien troubles. " `Aicha, talhah et zubayr, qui avaient été toujours des ennemis de `othmân et qui sétaient affirmés, en fait, comme les organisateurs de sa mort et de sa destruction, lorsquils virent `alî, quils détestaient autant sinon plus que `othmân, investi de la fonction de calife, se servirent des amis réels et sincères de `othmân comme dun instrument de leurs complots contre le nouveau calife. ainsi cest pour des motifs très divers quils se rassemblèrent tous sous le slogan de la vengeance du sang de `othmân" (simon ockleys his. sar., p. 294).

létendard de la rébellion fut hissé et le discours de ces personnages distingués était écouté avec un vif intérêt par les revanchards et factieux arabes dont les pères et frères avaient été tués par `alî lorsquil défendait le prophète et sa cause dans les différentes batailles qui avaient opposé lislam naissant aux quraych païens à lépoque du prophète. beaucoup darabes mécontents sassemblèrent sous létendard de la révolte. le trésor détourné par ibn `Amir, le gouverneur déposé de basrah, fut utilisé par talhah et zubayr pour équiper leurs forces armées.

le conseil de guerre
les préparatifs de la guerre ayant été achevés, les dirigeants de la rébellion tinrent un conseil pour discuter du lieu où les opérations pourraient être menées avec succès. `Aicha proposa de marcher sur médine et dattaquer `alî dans sa capitale pour frapper à la racine, mais on lui objecta que le peuple de médine était unanimement acquis à `alî et quil était trop puissant pour être défait. quelquun suggéra de se diriger vers la syrie et de mener une attaque conjointe avec les insurgés de cette province, mais walîd ibn `oqbah sopposa fermement à cette suggestion, déclarant que mu`âwiyeh napprouverait pas la présence de ses supérieurs dans sa capitale, et encore moins le contr6le de ses armées par eux dans ces moments critiques, et que de plus il considérerait cela comme une ingérence dans son dessein daccéder à lindépendance, dessein qui lavait en fait conduit à ne pas envoyer le secours demandé de lui en sa qualité de principal vassal de `othmân dont les jours qui lui restait à vivre étaient alors pourtant comptés. a la fin, talhah leur ayant affirmé quil avait un parti fort en sa faveur à basrah, et quil était sûr de la reddition de cette ville, on se résolut à faire mouvement vers celle-ci. par conséquent une proclamation par battement de tambour fut faite à travers les rues de la mecque, annonçant que `Aicha, "la mère des croyants", accompagnée des dirigeants distingués, talhah et zubayr, se dirigeait personnellement vers basrah, que tous ceux qui désiraient venger latroce mort du "prince des croyants", cest-à-dire othmân, et servir la cause de la foi, devaient se oindre à elle, même sils étaient sans équipement, car celui-ci leur serait fourni dès quils se présenteraient.

`Aicha incite om salma
`Aicha demanda à om salma - une autre "mère des croyants" - qui se trouvait à la mecque pour le pèlerinage, de laccompagner dans son aventure, mais elle repoussa avec indignation cette demande, et demanda à `Aicha comment elle pouvait justifier sa violation des commandements du prophète en sopposant à `alî qui était lui aussi calife dûment et unanimement élu par le peuple de médine et reconnu par les peuples de plusieurs provinces. et récitant cette parole du prophète : "`alî est mon lieutenant aussi bien de mon vivant quaprès ma mort. quiconque lui désobéit, me désobéit du même coup", elle demanda à `Aicha si elle avait oui ou non entendu le prophète prononcer cette parole. elle répondit par laffirmative. puis om salma lui rappela la prédiction du prophète, quil avait exprimée à ladresse de ses femmes : "peu après ma mort, les chiens de hawab aboieront contre lune de mes épouses qui sera parmi la bande rebelle. oh ! jai su qui elle était ! gare à toi, ? homayra ! je crains que ce ne soit toi". en entendant ces démonstrations de la vérité, `Aicha fut alarmée. continuant son avertissement, om salma dit : "ne te laisse pas égarer par talhah et zubayr. ils vont tempêtrer dans lerreur, mais ils ne seront pas capables de te sortir du courroux ni de la disgrâce qui te frapperont". `Aicha retourna à son logis presque encline à renoncer à son plan, mais les adjurations de son fils adoptif, `abdullâh fils de zubayr, persuadèrent sa nature vindicative de se venger de lhomme qui sétait associé un jour au prophète en la suspectant de la fausse accusation dont elle avait fait lobjet " `Aicha, faisant fi des contraintes de son sexe, se prépara à partir en campagne et à ameuter le peuple de basrah comme elle venait de le faire avec celui de la mecque. hafçah, la fille de `omar, une autre "mère des croyants", fut empêchée par son frère (qui venait de senfuir de médine et de se mettre à lécart de toutes les parties) daccompagner sa soeur; de veuvage" (muirs annals, p. 353).

la marche de `Aicha sur basrah
a la fin, `Aicha monta dans une litière sur le chameau al-`askar, et quitta la mecque à la tête de mille volontaires dont six cents montaient des chameaux quatre cents des chevaux. elle était accompagnée de talhah à sa droite et zubayr à sa gauche. sur son chemin, beaucoup de gens se joignirent à elle, gonflant le nombre de ses combattants à trois mille hommes. moghîrah ibn cho`bah, lex-gouvemeur de basrah et de kdfa, qui avait présidé à ces deux gouvernements à lépoque du calife `omar, et sa`îd, lun des vétérans de la mecque, et un mohâjir de la première emigration, qui accompagnaient eux aussi la chevauchée, ayant des soupçons sur les vraies motivations de talhah et zubayr, demandèrent à ceux-ci qui serait calife en cas de victoire. "celui dentre nous deux qui sera choisi par le peuple" fut leur réponse tout faite. "et pourquoi pas un fils de `othmân ?"

demanda sa`îd. "parce que les plus âgés étant des chefs distingués et des muhâjidn, ne doivent pas être commandés", répondirent-ils. "mais je crois, dit sa`îd, que si lobjet de votre campagne est de venger la mort de `othmân son successeur de droit doit être son propre fils. or deux de ses fils, obân et walîd, sont déjà dans votre camp. votre nomination signifierait que, sous le prétexte de vouloir venger le calife assassiné, vous avez combattu dans votre propre intérêt". "en tout cas, répliquèrent-ils, il appartiendra aux hommes de médine de choisir quiconque ils voudront".

moghîrah et sa`îd, se méfiant des dirigeants de la rébellion, décidèrent de se retirer, et en conséquence ils tournèrent leurs talons vers la mecque avec leurs partisans qui formaient une partie de larmée rebelle. se tournant vers les troupes, alors quils passaient près delles, ils sécrièrent : "tuez les assassins de othmân, détruisez-les tous sans exception". moghîrah cria à ladresse de marwân et dautres : "où allez-vous traquer les meurtriers ? ils sont devant vos yeux sur les bosses de leurs chameaux (en pointant son doigt vers talhah, zubayr et `Aicha). tuez-les et retournez chez vous. ils sont lobjet même de votre vengeance. ils ont trempé autant que tout autre dans cette sale affaire". larmée continua toutefois sa marche, tout en reprenant à son compte, et à cor et à cri ce quelle venait dentendre. on argua à son intention que la question de la succession était prématurée, et `Aicha déclara que le choix dun successeur était le droit exclusif des médinois et quil devait rester le leur comme auparavant. et pour éviter toute inquiétude supplémentaire, elle ordonna à `abdullâh, le fils de zubayr, de conduire les prières quotidiennes.

`Aicha dans la vallée de hawab
sur leur route vers basrah, les rebelles apprirent que `alî, le calife, était sorti de médine pour les poursuivre. pour arriver à basrah sans interruption et sans obstacle `Aicha ordonna quon changeât de route. quittant la route principale, ses armées sengagèrent sur des sentiers en direction de basrah. pour dissiper lennui des longues nuits de lautomne, le guide passait son temps à chanter et occasionnellement à crier le nom de chaque vallée, désert ou village par lesquels on passait. arrivé une nuit à un lieu déterminé, il cria : "la vallée de hawab". frappée de stupeur par ce nom, un frisson traversa tout le corps de `Aicha lorsque sur-le-champ les chiens du village entourèrent son chameau et se mirent à aboyer vers elle plus bruyamment. "quel est cet endroit ?" hurla-t-elle. le guide répéta sur le même ton habituel : "la vallée de hawab". la prédiction du prophète, récemment remise à sa mémoire par om salma, comme on vient de le noter un peu plus haut, sempara maintenant de son esprit, et elle sexclama en tremblant : "innâ lillâhi wa innâ ilayhî râje`ûn" (nous appartenons à dieu et nous devons retoumer à lui). faisant agenouiller son chameau, elle descendit de sa litière et gémit en lâchant un profond soupir : "hélas ! hélas ! je suis en fait la misérable femme de hawab. le prophète men avait déjà prévenue". elle déclara quelle ne ferait pas un pas de plus avec cette expédition de malheur. talhah et zubayr la pressèrent en vain de poursuivre son voyage, en lui racontant que le guide sétait trompé de nom et que cet endroit ne sappelait pas hawab. ils subornèrent même cinquante témoins pour quils le jurent, mais elle ne les crut pas et refusa davancer.

on dit que ce fut le premier faux témoignage public survenu depuis lavènement de lislam. ainsi cette nuit-là, et toute la journée suivante, les rebelles restèrent à hawab. talhah et zubayr étaient déconcertés et ne savaient pas quoi faire. finalement, recourant à un stratagème intelligent, ils purent mettre larmée sur pied en criant soudainement : "vite ! vite ! `alî sapproche rapidement pour nous surprendre". ce disant, ils commencèrent à détaler. `Aicha, frappée de terreur, tourna tout de suite les talons, trouva son chameau et entra promptement dans sa litière. la marche fut ainsi reprise.

le campement de `Aicha à khoraybah
dans sa hâte darriver à basrah larmée rebelle avança rapidement et, arrivant près de la ville, elle campa à khoraybah. `Aicha fit venir un notable de basrah, ahnaf ibn qays, et lui demanda de rejoindre son étendard. après quelques discussions sur le sujet, il refusa de prendre les armes contre le calife. mais décidé toutefois à rester neutre il quitta basrah avec six mille partisans et campa à wâdi-1-saba, dans les faubourgs de basrah.

`Aicha envoya un message à `othmân ibn honayf, le gouvemeur de basrah, linvitant à venir la voir. ibn honayf enfila immédiatement son armure et, suivi dun grand nombre de citoyens, se dirigea vers le campement de `Aicha. mais à sa grande surprise, il trouva larmée des insurgés déployés sur le terrain de manœuvre, suivie par un grand nombre de ses concitoyens factieux qui avaient en même temps rejoint `Aicha pour se ranger de son c6té.

des pourparlers sengagèrent : "talhah et zubayr sadressaient alternativement aux foules, et ils furent suivis par `Aicha qui haranguait les gens du haut de son chameau. sa voix, quelle avait élevé pour se faire entendre par tout le monde, devint stridente et aiguë, au lieu dêtre intelligible, ce qui suscita lhilarité de la foule. une querelle éclata à propos de la justice de son appel, les différentes parties se mirent à échanger des injures, à se traiter de menteuses et à se lancer lune contre lautre de la poussière au visage. lun des hommes de basrah se tourna alors vers `Aicha et lui lança : "honte à toi, ? mère des croyants !" et dajouter : "lassassinat du calife était un crime cruel, mais moins abominable que ton oubli de ta condition et de ton sexe. pourquoi as-tu abandonné le calme de ta maison et ton voile protecteur pour monter comme un homme imberbe sur ce maudit chameau et fomenter querelles et dissensions parmi les fidèles ?" un autre homme de la foule sécria, moqueur, aux visage de talhah et zubayr : "vous avez amené votre mère avec vous. pourquoi navez-vous pas amené vos femmes aussi?" des insultes fusèrent de partout, des épées furent tirées, et des escarmouches éclatèrent, et les antagonistes se battirent jusquà ce que lheure de la prière les etlt séparés (w. inrings succ. of mohd., p.172).

les entrées de la cité étaient désormais hermétiquement fermées aux insurgés. quelques jours passèrent, pendant lesquels des escarmouches eurent lieu, causant des pertes sérieuses aux partisans du gouverneur et permettant aux insurgés de simplanter un peu dans la ville. finalement une trêve fut conclue, aux termes de laquelle un messager serait envoyé à médine pour vérifier si talhah et zubayr avaient prêté serment dallégeance à `alî, le jour de linauguration de son califat, volontairement ou sous la contrainte. dans le premier cas, ils devraient être traités en rebelles, et dans le second, leurs partisans à basrah auraient raison de soutenir leur cause. les insurgés, qui désiraient avoir une sérieuse occasion de vaincre le gouverneur et de prendre possession de la ville, acceptèrent cet arrangement pour gagner du temps. un messager fut ainsi envoyé à médine. lorsquil délivra sa commission, tout le monde garda le silence. a la fin, osâmah se leva et dit quils avaient été contraints. mais cette affirmation lui aurait coûté la vie sans lintervention de son ami sohayl, un homme dinfluence et dautorité, qui le prit sous sa protection et lamena chez lui.

`Aicha sempare de basrah
dans lintervalle, les dirigeants des insurgés sefforcèrent dattirer ibn honayf, le gouvemeur de basrah, dans leur campement en lui envoyant des messages amicaux, mais il soupçonna une tricherie derrière ces messages et senferma chez lui en se faisant suppléer par `ammâr dans son poste.

talhah et zubayr, prenant avec eux une élite de leurs partisans, une nuit de tempête, se mêlèrent à lassemblée des priants dans la mosquée, surprirent le gouverneur, et après avoir tué quarante hommes de sa garde, ils le firent prisonnier. le jour suivant, hâkim ibn jabalah essaya de libérer le prisonnier, mais il perdit la vie et celle de soixante-dix partisans dans cette tentative. une bataille sérieuse fit rage dans la ville, aboutissant à une déconfiture totale et à des pertes considérables parmi les partisans de `alî. `Aicha entra en grand apparat dans la ville, et le gouvernement de basrah, ainsi que le trésor, passèrent aux mains des insurgés.

peu après la capture de `othmân ibn honayf, on demanda à `Aicha comment elle voulait quon disposât de lui. elle le condamna à mort, mais sur les instances dune femme de sa suite elle consentit à épargner sa vie. il fut toutefois condamné à subir des maux encore pires jusquà ce quil pût échapper à ses ravisseurs. les poils de sa barbe, ses moustaches et ses sourcils furent arrachés un à un, et il fut honteusement exposé au pilori.

`alî apprend la nouvelle de la révolte de`Aicha
le lecteur se demandera sans doute avec anxiété ce que faisait `alî, le calife, pendant tout ce temps-là. nous allons donc laisser de c8té les insurgés, maintenant maîtres de basrah, pour suivre les traces de `alî. les nouvelles des troubles survenus à la mecque étaient parvenues à médine.

mais `alî avait dit que tant quune action de grande envergure des insurgés naurait pas menacé lunité de lislam, il ne prendrait pas de mesures énergiques contre eux. après quelques temps, om salma, qui avait repoussé fermement les propositions de `Aicha à la mecque, comme on la vu plus haut, sétant rendue à médine rapidement après le départ des insurgés pour basrah, avait informé `alî de la révolte de `Aicha, talhah et zubayr. un autre message, en provenance dom al-fadhl la veuve dal-`abbâs, qui se trouvait à la mecque, était parvenu également à `alî, faisant état des mouvements des rebelles contre le calife et de leur marche sur basrah.

en apprenant cette nouvelle, `alî avait fait rassembler les gens dans la grande mosquée et les avait appelés aux armes pour poursuivre les rebelles.

le discours éloquent et les appels chaleureux du calife avaient été accueillis avec froideur et apathie par lassemblée. personne ne paraissait prêt à répondre à lappel, notamment parce que certains dans lauditoire avaient pris en considération le fait que la personne contre laquelle on les pressait de prendre les armes nétait autre que la mère des croyants, `Aicha, et redoutaient une guerre civile; dautres encore se demandaient si `alî navait pas été impliqué indirectement dans la mort de `othmân. pendant trois jours consécutifs. `alî fit de son mieux pour que les gens bougent et réagissent. finalement, le troisième jour, ziyâd ibn handhalah se leva et savança vers `alî en disant : "laisse-les rester à larrière, moi, javancerai". suivant son exemple, deux ançâr, abul-hathim et khazima ibn thâbit savancèrent en prononçant ces propos: "le prince des croyants est innocent du meurtre de `othmân, nous devons le rejoindre". sur-le-champ abû qatâda, un autre ançârî, un homme distingué, se leva et, tirant son épée, sexclama : "le messager de dieu, que la paix soit sur lui, mavait ceint avec cette épée. je lai gardée rengainée depuis longtemps, mais à présent il est grand temps de la dégainer contre ces méchants hommes qui trompent toujours le peuple" (simon ockleys his. sar., p. 300). même om salma dit avec zèle (2) : "ô commandeur des croyants ! si la loi le permettait, je taurais accompagné dans ton expédition, mais je sais que tu ne me le permets pas. aussi je toffre les services de mon fils `omar b. abî salma, qui mest plus cher que ma propre vie. laisse-le partir avec toi pour partager vos chances". `alî accepta loffre et `omar ibn abî salma laccompagna dans lexpédition. cétait un homme de valeur, de piété et de beaucoup dautres qualités, et il sera nommé plus tard, gouverneur de bahrein.

 

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